[RP Libre] Le château d'Eclipse

-Ah, je vois... Fit elle en laissant l'écureuil venir sur son épaule. Je fréquente peu les animaux. Enfin, celui là est très mignon, mais là où j'habite ils ont tendance à être féroces et... Attendez... Vous venez de dire Fryma, n'est ce pas?...
Elle sembla alors se pétrifier de peur. Si elle pouvait suer, on pourrait voir la transpiration perler son visage de panique.
-Fryma est... Ici?...

-Je vois... Soupira Roberta, qui caressait inconsciemment l'écureuil pour calmer son stress. Cela ne sert à rien de le cacher, et vu que vous êtes une humaine je comprendrais parfaitement votre effroi si ce que je vous dis vous choque... Je suis une vampire, et la servante en chef de Dame Refinia, une des trois seigneurs vampires. Rassurez vous, je ne vais tuer personne, mon régime est léger et je suis ici en mission diplomatique... Cependant, vous comprendrez que la présence d'un inquisiteur est loin d'être rassurante pour moi.

Roberta retint un cri aigu. C'était très certainement lui! La voix semblait cependant bien moins agressive qu'elle ne l'aurait pensé...Elle devait se ressaisir: une vampire aussi puissante qu'elle devrait avoir honte de se révéler ainsi apeurée. Que penserait Dame Refinia? D'ailleurs, elle serait, maintenant que Roberta y pensait, surement sans doute très intéressée par des informations sur lui et son retour... La décision devait se faire maintenant... Qu'importe! Elle ferait ce sacrifice pour Dame Refinia, cela faisait partie de sa mission et... Dans le pire des cas elle fuirait.
-C'est bon, fit la vampire, mais en se rapprochant de Maeli, se collant presque à elle. Il peut entrer, je suis prête à lui parler.

-Ce n'est pas mon ami, fit elle un peu froidement après deux toussotements. J'étais donc supposée accompagner le Sum Nimium en mission diplomatique, sauf que le maître des lieux ne voulait voir que ce dernier. Et vu que je suppose qu'il était inutile de le cacher, je suis Roberta Hulgens, vampire majeure et servante en chef de Dame Refinia, une des seigneurs Vampire. Cette dernière est associée au projet du Sum Nimium, bien que je n'en sache pas les détails...
Ouf! Elle avait réussit à paraitre crédible. La capacité à ne pas suer et à contrôler ses tremblements était remarquablement utile dans cette situation. Cela n'ôtait en rien le fait que la vampire, si elle n'était pas fière, elle serait déjà partie. D'ailleurs, au moindre aspect de colère ou d'irritation de l'inquisiteur, c'est ce qu'elle ferait, partir. Il fallait tout de même rester prudent.

// Ce qui va suivre se déroule à une date indéterminée durant l'ellipse, donc dans le passé par rapport à la date actuelle. En tout cas c'est avant le départ de Fryma. //

La vie au chateau d'Eclipse suivait son cours, même si ces derniers temps ont été riches en évènements et fructueux pour l'ordre de mercenaires. Leur alliance avec le Sum Nimium était conclue et les gardiens de fer avaient pris possession du bastion des saints dorés, non loin de là. Avec la découverte d'Aurore, une partie des chevaliers avait été envoyée sur le nouveau continent pour y être l'extension du groupe, et d'autres devaient encore partir, mais le recrutement avait aussi augmenté en intensité et le chateau restait aussi rempli que d'habitude, voir plus.
Sur la muraille, les gardes faisaient leur oeuvre habituelle, s'ennuyant, comme toujours. C'était midi et ils jouaient à deux aux dés tout en avalant un peu de ragout. Une voix les interpella alors, venant de l'extérieur.

-Hey ! Il y a quelqu'un ?

Visiblement, un étranger avait une fois de plus échappé à leur vigilance sans faille. Prudents, ils regardèrent de quoi il s'agissait -chaque fois que des inconnus débarquaient à l'improviste, les choses devenaient vite hors de controle-. Deux personnages se trouvaient au bas de la muraille, devant la grande porte. L'un en armure, l'autre dans une tenue de cuir d'un rouge éclatant. On le voyait venir de loin...

-Ah ! Bonjour ! Nous avons entendu dire que Fryma, fondateur de l'Inquisition, logeait ici. Est-ce vrai?

Le garde, circonspect, leva un sourcil.

-Et si c'était vrai ?

-Nous aimerions nous entretenir avec lui.

Il réfléchit un instant. Refuser d'ouvrir à un type louche avait autrefois été une de leurs pires erreurs... C'est pourquoi ils décidèrent de se montrer raisonnables et coopératifs.

-Attendez quelques minutes, nous allons lui demander.

Et après s'être disputé pour savoir qui irait quérir Fryma, qui les intimidait au plus haut point, l'un des gardes partit en direction du chateau pour prévenir le grand inquisiteur. Il le trouva rapidement dans la grande salle, déjeunant. Il était facile à repérer puisqu'il dépassait d'une tête la plupart des autres chevaliers. Même si tout le monde ne savait pas qui cet homme était réellement, il était devenu clair pour tous qu'il avait une place d'exception au sein de la guilde, un genre d'invité d'honneur au séjour à durée indéterminée. Le garde l'interpella d'un ton mal assuré.

-Sieur Fryma, excusez moi de vous déranger alors que vous mangez, mais il y a deux types qui vous demandent, à la grande porte...

Lorqu'il vit que Fryma arrivait bel et bien, le garde encore en place sur la muraille fit ouvrir la grande porte pour laisser entrer les deux étranger, qui se présentèrent donc devant le grand inquisiteur, qui put les observer de plus près.
Le premier était donc carapacé d'une armure d'acier usée, et était bardé de diverses ceintures d'armes, sacoches au contenu mystérieux, et autres couteaux. Les cheveux bruns, longs, et coiffés en arrière, son visage était souligné d'une barbe fournie de la même couleur, mais surtout, barré d'une cicatrice. Cette dernière remontait du bas de sa joue gauche jusqu'au dessus de son oeil gauche, toujours valide. Ses yeux étaient vairons.
Son compagnon était un peu plus petit et vêtu d'une veste de cuire rouge à noble allure, bien qu'un peu ostentatoire, ne portant aucune arme. Son visage était très fin et pâle, mais même avec ce facies inquiétant, il affichait un sourire franc qui illuminait ses traits et ses yeux bleus étaient vifs. Ses cheveux noirs, coiffés en arrière, descendaient jusqu'au dessus de ses épaules.

-Salutations, Sieur Fryma, commença l'homme pâle. Je me présente : Rasco Hivéléus, et voici mon parent éloigné, Padommay Hivéléus. Nous espérions bien vous trouver ici, car nous avons à vous parler d'une affaire qui nous importe au plus haut point, et qui pourrait vous aussi vous intéresser.

L'homme en armure semblait renfrogné et en aucune façon emballé par tout ceci.

-Mais... Pourrions nous en parler en privé? C'est une affaire délicate ne dépendant que de vous, et nous préfererions éviter de trop nous faire remarquer.

Intrigué Fryma réfléchit quelques secondes, analysant les curieux personnages. Rapidement il se dit qu'ils ne présentaient pas vraiment de menace... Et se dit qu'il allait accepter. Il répondit alors:
-Bien cela me va, éloignons nous un peu si vous voulez bien, dit-il en présentant un coin de bosquet calme.

Quelques peu perplexes devant ce choix d'endroit "calme et discret", les deux hommes suivirent néanmoins Fryma vers ce coin de bosquet. L'homme pâle, qui semblait être le seul à parler dans le duo, commença :

-Sieur Fryma...  Nous avons fait nos recherches et avons appris certaines chose à votre sujet. Grâce à un procédé issu des recherches magiques inquisitoriales, vous avez pu revenir parmi les vivants ... Mais vous avez aussi annihilé toute information ou presque à ce sujet, laissant tout autre que vous dans l'incapacité de reproduire le même exploit. Ce pourquoi nous voilà. Ce que nous voulons vous demander est très simple... Nous avons besoin de votre aide pour ramener quelqu'un à la vie. Padommay.

Alors, l'homme en armure tira d'un fourreau à sa ceinture une épée, de moyenne facture, mais il s'en dégageait comme une présence. Il la tenait à bout de bras

-Dans cette lame, dit-il, se trouve notre ancêtre commune, Meortis Hivéléus, et nos voulons la ramener parmi les vivants.

- Je vous vois bien renseigné. Il va juste vous sembler logique que je ne divulguerais rien sans savoir ce qui va s'en suivre. Et vous vous doutez qu'il sera dur de me faire changer d'avis,fit-il pensif. Il marqua une pause et ajouta:
- Alors je vous pris, renseignez moi.

A en juger par son expression, le dénommé Rasco s'attendait à une réponse de ce genre.

-Sieur Fryma, je me doutais que vous régiriez ainsi, et que vous n'accorderiez pas votre confiance, votre connaissance, ou votre aide, à de parfaits inconnus. Je vais donc faire confiance à votre justesse de jugement et ne rien vous cacher. Commençons par le commencement. A n'en point douter vous avez déjà entendu parler de la famille Hivéléus. Notre famille. De bas nobles qui existaient déjà de votre vivant, dirigeant un comté dans l'ouest d'Haynailia... Une famille noble comme une autre, sans histoire. Du moins était-ce qu'on pensait depuis il y a un peu plus d'une dizaine d'années, ou il fut découvert et révélé que les notre pratiquaient la nécromancie en secret dans les caves du domaine familial. S'ensuivit un raid de votre institution, l'Inquisition, où furent massacrés sans vergogne ni distinction hommes, femmes, et enfants. Aucun de ceux qui demeuraient au manoir ce jour ci ne survécurent, et tout fut réduit en cendre. Nous deux sommes les derniers représentants de notre famille. Nous savons bien qu'ils étaient dans l'illégalité et ils savaient ce qu'ils risquaient. La haine des nécromants perdure depuis longtemps en Haynailia, et comme tous le savent, elle se justifie par certains événements historiques impliquant le second trépas. Mais les Hivéléus n'ont jamais rien eu à voir avec ce groupe, qu'ils ont d'ailleurs toujours profondément méprisé. Ils pratiquaient la nécromancie pour perpétuer l'héritage presque millénaire des leurs, par passion de la magie, et en toute passivité. Pourtant ils n'eurent droit à aucun jugement... Je ne tente pas de vous apitoyer. Et loin de nous toute idée de vengeance ou de rancœur. J'en appelle cependant à votre jugement et, je sais que quelqu'un d'aussi vieux et sage que vous sait faire la part des choses. La nécromancie n'est en rien une magie "mauvaise". Elle n'est pas maléfique, maligne par nature, vous le savez... Mais je m'égare. Notre objectif est simplement de redonner vie à notre famille... sans mauvais jeu de mot, et bien évidemment au sens figuré du terme. Il sourit de manière franche, riant quelques peu. Et pour cela nous avons besoin de quelqu'un en particulier. De la femme enfermée dans cette arme. Meortis, notre ancêtre. Mais nous nous doutons aussi que vous n'êtes pas le genre de personnages à accorder de telles faveurs par simple pitié, bonté de coeur, ou pour réparer une erreur toute relative de l'Inquisition -Que vous avez probablement déjà assez punie- . Cependant, nous pensons que vous auriez à y gagner de ramener cette femme parmi nous... Dans un premier temps, vous aurez toute notre gratitude, et pourrez disposer de nous come bon vous semblera. Mais c'est surtout ce qu'elle est capable de faire qui pourrait vous interesser... J'ignore si son nom vous évoque quelque chose, car très peu d'écrits sont restés à son sujet, mais elle était une nécromancienne très puissante, et au sein de la famille, on dit même que seul Guliano la surpassait dans ce domaine à cette époque. Cependant, elle n'a jamais accordé d'attention à ses invitations et l'a toujours méprisé... Si vous la ramenez, elle saura exprimer sa gratitude, et vous obtiendrez son allégeance. Hors, les Chevaliers de l'Eclipse ont récemment créé, en partenariat avec Sum Nimium, une nouvelle organisation, n'est-ce pas? Les Gardiens de Fer, je crois ? Sir Fryma, nous savons que vous n'êtes pas du genre à rester éternellement chez des mercenaires, vous n'avez rien à protéger, rien de plus à accomplir ici... Mais laisser derrière vous une personne telle que Meortis serait un cadeau d'adieu et un gage de reconnaissance comme vous ne pourriez en faire aucun autre. Et enfin, je suis certain qu'un dernier point ne manquera pas de vous titiller... La simple curiosité de rencontrer quelqu'un de 600 ans plus âgé que vous, et réputé d'une puissance sans pareille. Alors, Sir ? Qu'en pensez-vous?

//Je mets un coup de boost, j’ai été inactif trop longtemps//


Rasco acquiesça aux paroles de Fryma, tout sourire. Il ne s’attendait pas à convaincre le Fondateur si facilement… Mais il y était parvenu et c’était l’essentiel.

-Tout sera fait comme vous le voudrez, Sir Fryma. Nous vous sommes infiniment reconnaissants…

S’en suivirent quelques échanges. Fryma dut leur expliquer de quoi il en retournait et ce qui serait nécessaire à l’accomplissement du rituel. A sa grande surprise, ses interlocuteurs semblaient en savoir plus qu’ils ne le devraient… Et ainsi, suite à une rencontre qui n’avait duré que quelques minutes, les deux hommes partirent à nouveau, aussi vite qu’ils étaient arrivés.

***

Ce n’est que trois mois plus tard que Fryma reçut une lettre. Ils lui donnaient rendez-vous dans une vieille grange abandonnée, à quelques kilomètres du château. Il s’y rendit au jour et à l’heure voulue, soit au coucher du soleil, et y trouva Rasco. Il était accompagné de quatre énergumènes encapuchonnées : des mages aux mœurs douteux appâtés par une coquette somme. Pas de trace de Padommay.

-Ah ! Sieur Fryma ! La voix du Hivéléus était quelque peu tremblante. Il semblait à la fois excité et anxieux. Vous voilà enfin ! A mon grand dépit, je n’ai pas pu rassembler plus de mages que ces quatre ci… Mais ils devraient faire l’affaire. Quant au réceptacle… Il pointa le coin de la grange ou était couchée une femme, immobile. Assoupie ou assommée, elle respirait. J’aimerais que nous fassions au plus vite… Pourrions-nous commencer dès maintenant ?