Lune de Sang

C'est donc sur un commun accord que le groupe partit en direction des sous-sols, laissant Lure à son sort et menés par Catia. Pour ce faire, le chemin le plus court empruntait le couloir qui passait devant la salle du trône. Dans le château, toujours ni âme qui vive, ni trace de combats.
Cependant, à mi-chemin et lorsqu'ils passèrent devant la fameuse salle, ils purent entendre des voix. La porte close, il était compliqué de reconnaître les voix où de comprendre leurs propos, mais quelque chose se passait dans cette pièce.

Pas de temps à perdre. Christel allait ouvrir la porte, et si ce n'était pas possible, défoncer cette dernière avec son épée pour entrer.
-Restez prudent, on ne sait pas quand un combat peut s'engager, fit Christel avant de procéder.

Christel poussa la grande et somptueuse porte, qui glissa et s'ouvrit en un lent mouvement. Derrière, la salle du trône où le groupe avait pu rencontrer le Theldr plus tôt dans la journée. La pièce en elle-même n'avait pas beaucoup changé. Les vitraux qui embellissaient l'endroit en filtrant la lumière solaire transformaient maintenant la faible lueur lunaire en un éclairage carmin, tamisé et entrecoupé par le passage occasionnel de nuages. La noblesse que dégageait la pièce avait été troquée pour une atmosphère inquiétante. Sans torches allumées, ce nouveau climat laissait les angles et extrémités de la pièce dans la pénombre.
Devant le trône d'argent, le piédestal d'acier demeurait... Mais la vitre en avait été brisée, et le sabre qu'il protégeait, Havir, avait disparu.
Plus bas, au centre de la pièce et au pied des marches qui surélevaient le trône, plusieurs silhouettes se tenaient.
Sur la droite, Christel reconnut une apparence familière. Un vieillard vêtu de vêtements riches, en velours pourpre. Echarpe autour du cou, canne à la main, son crâne dégarni révélait une peau blanche et tachée, mais ses yeux brillaient d'une lueur dorée. C'était le vampire qu'elle et Erwan avaient croisé plus tôt. Son visage était cependant bien moins calme, déformé par une rage aveugle, si bien qu'il ne remarqua pas l'entrée du groupe.
Devant lui, un homme vampiris, vêtu de pauvres haillons. Ce second vampire avait cependant une attitude étrange. Se tenant debout, parfaitement immobile, son regard ne fixait rien et était plongé dans le vide, comme si lui même était inconscient. Son avant-bras gauche lui manquait, et un fin filet de sang s'écoulait de la blessure au niveau de son coude.
En face d'eux, un jeune garçon aux cheveux et au regard sombre. Ses sourcils épais étaient froncés en un visage sérieux et déterminé, mais aussi grimaçant de douleur.
C'était le coursier.
Dans sa main droite, une banale épée courte. Sa main gauche, elle, tenait son flanc... Son haut était en lambeaux et une énorme plaie déchirait son ventre. Sa main semblait presque être le seul rempart maintenant ses entrailles en place. Pourtant, il se tenait debout et faisait face aux deux vampires. Le plus vieux notamment, semblait adopter une étonnante prudence vis à vis de son adversaire, et semblait maintenir une distance de sécurité entre lui et le jeune homme. Son compagnon vampiris se tenait aussi entre eux, lui servant comme d'un bouclier.
Lorsque le groupe ouvrit la porte, le garçon leur indiqua d'un signe discret de ne pas approcher plus près.
-Pour qui te prends-tu ? dit le vieux vampire au garçon avec rage. Tout se termine ce soir.
Il fit un mouvement, et le vampiris se jeta vers le coursier, son bras valide en avant.

A l'inverse de Christel, Catia réagit au quart de tour, n'ayant probablement même pas remarqué le signe. Elle avait déjà vu ce garçon à quelques reprises depuis qu'elle était à Zu Feorn, et elle se refusait à le laisser mourir devant leurs yeux.
Elle s'élança donc vers le trône.
Mais elle avait trop de distance à parcourir. Le coursier, d'un coup rapide et puissant de son épée, parvint à sectionner la main du vampiris qui se ruait sur lui, mais il ne stoppa pas sa charge. Cependant, au lieu de lui porter un coup, il le saisit à la taille et l'enserra contre lui, le maintenant immobile. Se débattant, le coursier planta son épée court dans le ventre du vampire, le traversant de part en part, mais il n'y resta pas longtemps.
En effet, la chair du vampire se mit à gonfler, déchirant sa peau, puis ses vêtements, et éjectant le sabre qui y était planté. Les muscles et la pulpe ainsi hypertrophiés avaient l'allure d'un amas de charogne putréfiée, gonflé par le gaz et au bord de la rupture. Et finalement, la chair céda.
Dans une assourdissante explosion de sang, la partie supérieur du corps du vampiris se volatilisa. La déflagration interrompit Catia dans sa charge, la projetant au sol. Quant au coursier, son corps entier se déchira en morceaux sans qu'il n'y puisse rien faire. Ses organes et ses membres furent projetés en plusieurs endroits de la salle, sa tête et son buste roulant dans l'ombre des murs.
Ne restait plus que le vieux vampire, toujours appuyé sur sa cane, un étrange sourire au visage.

Christel comprit rapidement qu’elle avait bien fait de ne pas s’approcher, qu’importe ce qui venait de se passer. Peut-être que le vampire s’était suicidé avec sa singularité… Mais pourquoi pour un jeune homme ? Qu’était-il ? Malheureusement, elle n’avait pas le temps de se poser ces questions. En tout cas, il y avait un vampire majeur à abattre. Le sang de la Jackal déployé, elle avait bien l’intention d’accumuler le sang partout où elle passerait… Et pas le temps d’être répugnée, bien qu’elle doutait que les tripes de Catia tiennent le coup après ça. Il fallait se battre.
- On se retrouve, fit-elle au vieux vampire, approchant vers lui lentement et avec prudence alors que l’aura sanguine autour d’elle attirait les fluides corporels à proximité. Aucune retraite pour toi, cette fois.
Dépendant de l’état de Catia, de Grim et de Flint, leurs chances de victoire étaient raisonnables. Quand l’homme serait à deux mètres de portée, si il la laissait s’avancer ainsi, elle le frapperait avec une lame de sang prolongeant son arme. Elle s’attendait néanmoins à être interrompue par une attaque.

Catia avait reçu la déflagration de plein fouet sans en être blessée, mais une nouvelle couche de sang recouvrit son armure, s'ajoutant au sang déjà présent depuis les évènements de la place militaire. Un morceau d'intestin vint se plaquer contre la visière de son casque alors qu'elle était au sol, provoquant en elle une réaction de recul supplémentaire.
Cela faisait un certain temps que Catia semblait dans un état second et ignorait les horreurs qui les entouraient et qu'ils avaient traversé, mais voir ce jeune homme familier trouver une telle fin la sortit de sa transe, et son regard fermé changea à travers sa visière. Elle n'émit aucun son mais sa respiration se fit lourde.

Faisant finalement face à Christel, le vieux vampire recula de quelques pas, affichant toujours un étrange rictus qu'il ne semblait pouvoir contrôler, semblant exprimer une certaine satisfaction. Il leva la paume en direction de la chasseuse alors qu'elle se rapprochait.
-Attendez. Je ne suis pas votre ennemi. Il n'avait à priori pas la volonté d'attaquer, mais son sourire persistait.

A cette réplique, personne ne réagit. Christel resta comme figée, de même que Grim et Flint, qui ne firent pas le moindre mouvement. Il eut été aisé pour le vampire de lancer une attaque, mais il se contenta de reculer encore pour laisser une distance raisonnable entre lui et le groupe, s'enfonçant un peu dans l'obscurité. Ses mouvements, jusqu'à présent, étaient bel et bien ceux d'un vieillard, même si ses yeux ne trompaient personne.
Catia, elle, retira son casque pour mieux respirer. Elle semblait en panique, ses inspiration et expirations devenant de plus en plus rapides, inapte à suivre ce qu'il se passait dans l'immédiat.
En arrière, le jeune soldat qui avait suivi le groupe tout ce temps se tenait contre la porte entrouverte, comme prêt à s'y faufiler pour prendre la fuite, se demandant ce qu'il faisait là.
-Bien, fit le vampire, incertain de ce que signifiait cet arrêt subite de tout le groupe. Si vous daignez ne pas me considérer comme un ennemi, j'aurais certaines choses à vous expliquer...
Cependant, il n'eut pas le temps d'en dire plus.
Une ombre se mit à obscurcir les lumières rougeatres que les vitraux projetaient au sol. Petit à petit, la dite ombre gagna progressivement en taille et sa forme se précisa... Jusqu'à ce que, dans un grand fracas, le dit vitrail ne se brise en morceaux, laissant entrer un nouvel acteur.
Avec un ample mouvement de sa cape noire, le nouveau venu atterrit pile sur le dossier du trône, s'y tenant debout avec aisance et un équilibre parfait. La lumière l'éclairait à présent de dos, et son ombre se projetait jusqu'au bout de la salle, enveloppant notamment Grim, Flint et Catia. Malgré ce jeu de lumière, on pouvait distinguer les vêtements nobles que l'homme, car il s'agissait d'un homme, portait sous sa cape. Ebène et pourpres, ils avaient un aspect haynailien plutôt que Nurenuilien, et ce fait était appuyé par sa chevelure mi longue, couleur ivoire, digne d'un haut noble de l'empire. Son visage pâle, aux traits fins, affichait un large sourire et un regard hautain. Cependant, on pouvait remarquer un cercle blanc sur son front, entouré d'une auréole noire. C'était l'os de son crane qui était apparent, et la chair qui le recouvrait avait été comme brulée. La forme de la blessure faisait étrangement penser à celle d'une pièce de monnaie...
Mais la partie la plus frappante de son accoutrement était les deux épées qu'il avait à sa taille. Sur le flanc gauche, une rapière finement ouvragée, dans un fourreau adapté... Sur le flanc droit, une claymore de plus d'1m50, d'un métal brut et usé par endroits, qui contrastait violemment avec le reste du personnage. Maintenue par une ceinture à boucle métallique servant de fourreau de fortune, elle pendait dans son sillage. Malgré le poids de l'arme il n'avait aucune difficulté à maintenir son équilibre, et c'est avec cette même aisance et légèreté, après avoir effectué un salut théatral, qu'il sauta du dossier sur le siège, s'installant jambes croisées sur le trône du Theldr. C'était comme s'il avait simplement flotté jusqu'en bas. Dans le même mouvement, il avait décroché la claymore et l’avait installée contre le repose-main.
-La Dame entre sur le plateau. Jack Dyra, pour vous servir.
Une fois installé, il observa un instant la scène figée devant lui, et ne put retenir de pouffer de rire.
-Non, c'est une blague? C'est ça qui a tué Foldasi? Vous êtes en miettes mes pauvres ! C'est sur eux que tu compte, Cretorius ?
Il riait tant qu'il en avait les larmes aux yeux. L'autre vampire resta silencieux...

Christel ne suivait plus tout ce qu’il se passait. Qui étaient donc l’humain et le vampire qui avaient explosé ? Pourquoi cet homme disait maintenant être de leur côté ? Les vampires avaient pu se diviser durant le conflit mais… Cela lui semblait tout de même étrange.
– Jack Dyra… Je connais ce nom, fit-elle. Tu as été traqué maintes fois… C’est toi le leader de cette opération ? Je ne comprend pas ce qui se passe, mais s’il s’agit d’arrêter l’invasion, je n’aurais pas de honte à une alliance temporaire.
Selon le code Friedsang, cette décision ne saurait revenir à une entachée… Mais elle n’avait personne pour la superviser ici, et la situation était urgente. Elle était prête à écouter ce qu’on avait à lui dire. En tant que monstre, cela ne blesserait pas son honneur, et avoir la tête d'un vampire Dyra serait un acte assez considérable pour racheter cet écart.

-Vous n'êtes pas une lumière à ce que je vois. La Dame, j'ai dis... Vous jouez aux échecs, parfois? répondit-il, moqueur. Puis il poussa un soupir, le regard rêveur. Enfin, je vous comprends. Comme j'aimerais voir tomber la tête d'une Dyra, moi aussi... Une nouvelle fois, il changea d'expression pour un visage ennuyé.
-Mais écoutez. C'est l'instant des révélations, alors je vais vous faire le plaisir de vous en faire une version courte, puisque le temps commence à presser. Cretorius ici présent veut faire échouer notre assaut. Pourquoi, vous le lui demanderez. Malheureusement pour lui, il est découvert, et le voici à mendier votre aide. Pour ma part, j'ai maintenant une rancune personnelle envers vous car vous avez tué mon ô combien apprécié partenaire de jeu. Tristement, et malgré votre nouvel allié de fortune, vous êtes épuisés et déjà dans un état lamentable, amenant vos chances de victoire à un magnifique, splendide, sublime...Il marqua une courte pause. Zéro.
D'ailleurs...
Levant son index, il le pointa vers Christel, affichant de nouveau son sourire narquois. Puis, comme s'il récitait une comptine d'enfant, il le dirigea lentement sur chaque personne en présence, une à une, répétant le même pattern après avoir désigné toute l'assemblée.
-Si vous ne faites rien d'autre qu'avoir l'air ébahis, je pourrais tuer n'importe lequel d'entre vous dans l'instant.

L'autre vampire s'était visiblement mis en position défensive, cessant de se reposer sur sa canne. Sa posture restait courbée, comme celle d'un vieillard qui aurait subitement retrouvé en vigueur et énergie sans que son corps ne soit capable de suivre. Si le sourire qu'il avait plus tôt avait quitté son visage, il n'avait aucunement été remplacé par une expression rassurante, mais par une autre proche de la peur... De la crainte tout du moins. Malgré leur rang égal, il n'avait très manifestement aucune envie d'affronter ce Jack Dyra.
-Prenez garde, dit-il au groupe, gardant avec eux une distance de sécurité comme s'il craignait encore qu'ils ne se tournent contre lui.

Le jeune soldat ne bougea pas de son emplacement près de la porte, restant comme renfermé sur lui même.
-Non ! fit Cretorius, mais le trio s'engagea quand même.
Tout sourire et toujours immobile sur son trône, Jack Dyra arrêta son index sur Christel qui menait la charge.
-Ce sera toi, alors.
Instantanément et sans qu'elle ne puisse l'éviter dans son mouvement d'agression, un projectile trancha l'air et traversa le bras de la Friedsang. Son épaule valide fut perforée de part en part, pile au niveau de la jonction entre l'humérus et l'homoplate, et elle put sentir une rupture de son os sous la force appliquée, la forçant à s'arrêter dans sa course par l'effet du recul.
Il s'agissait de l'ongle, ou plutôt de la griffe du vampire majeur, qui s'était allongé sur une dizaine de mètres. Puis, d'un mouvement de main, Jack Dyra envoya Christel valser sur le côté, emportant avec elle Grim, qui se trouvait à sa gauche, sans le moindre effort.
Il se leva ensuite du trône alors que sa griffe se rétractait jusqu'à sa position initiale. Sa rapière restait à sa ceinture.
-Je ne sais pas si j'ai envie de m'amuser avec vous. Flint était maintenant le plus proche de l'ennemi, à seulement quelques mètres. A ton tour. Les autres étaient à terre au milieu de la pièce. Le comportement du vampire majeur venait de changer et son sourire s'était volatilisé. Son regard était meurtrier, et Flint sentit que la seconde suivante risquait d'être sa dernière.
Cretorius ne bougeait toujours pas, ne semblant même pas vouloir tenter d'attaquer.

Avant même que Flint ne termine son mouvement, Jack bondit vers lui à une vitesse ahurissante. Le nuage de poussière se déploya devant le membre du Corvus, devant lui servir de moyen d'éloigner le vampire. Mais ce dernier se protégea de sa cape pour percuter Flint en plein ventre comme un projectile et foncer avec lui vers l'autre bout de la pièce. Christel n'eut pas l'occasion ni le temps d'arriver à ses deux mètres de portée, le vampire ne lui en ayant pas laissé le temps Elle avait voulu attaquer lorsqu'il s'était mis en mouvement, mais il fut bien trop rapide pour qu'elle le prenne de vitesse. En l'espace d'à peine une seconde, Jack Dyra se retrouva de l'autre côté de la pièce, ayant plaqué Flint contre le mur et mis une distance de plus d'une dizaine de mètres entre eux et les autres.
Le visage du vampire était à moitié brûlé par l'argent, qui continuait encore à lentement creuser sa chair.
Flint, lui, était dos au mur, quelques peu sonné par le choc, mais libre de toute entrave. Simplement, le doigt de la main droite du vampire se trouvait sur sa tempe, et il sentait sa griffe acérée appuyer contre sa peau.
D'un geste nonchalant, Jack se débarrassa de la poudre qui le rongeait encore en utilisant un ongle de son autre main, arrachant au passage la peau qu'il lui restait, sans se préoccuper du fait qu'il soit à présent totalement défiguré. Un de ses yeux était abimé.
-Tu me fais vraiment de la peine, mon bon Cretorius, dit-il en s'adressant à l'autre vampire. Même pas le courage de te battre toi-même... Et maintenant?
L'intéressé ne bougeait toujours pas, malgré la provocation. La confrontation directe ne semblait réellement pas être une option pour lui.

Jack Dyra observait Christel qui lui fonçait dessus.
-Je sais exactement comment fonctionne ton arme, tu sais.
Mais alors qu'il parlait, subitement et avec vélocité, Grim dirigea sa lame vers le coeur du vampire, qui réagit instantanément dès l'instant ou il entama son mouvement.
Sans même qu'il ne change la direction de son regard, la griffe du vampire s'allongea et pénétra avec aisance dans la tempe du mercenaire pour reparaître de l'autre côté, rougie par le sang. Le son d'un craquement d'os et de la chair déchirée accompagna l'acte funeste.
Cependant, peut être dans un dernier élan de bravoure, le bras de Flint continua sa course et parvint à planter sa lame dans le ventre du vampire majeur, le faisant ployer un instant sous la douleur.
-Saleté, fit-il.
Puis, à l'aide de son ongle et en le soulevant par le crâne, il jeta le corps sans vie de Flint en direction de Christel, comme un vulgaire morceau de viande. Dans sa lancée et son épuisement, la Friedsang ne parvint une fois de plus pas à éviter et bascula à la renverse sous l'action du projectile, sa tête frappant violemment contre le sol.
L'état de la chasseuse empirait, et elle sentait sa vision et son sens de l'équilibre se brouiller. Il était légitime, à ce stade, de douter de sa capacité à continuer à se battre.
La recrue qui les avait suivi jusqu'ici avait pris la fuite, disparaissant dans le château.
Catia, qui venait de se relever, semblant finalement se reprendre et ayant empoigné de nouveau le manche de son arme, vit Flint se faire transpercer et jeter comme un simple objet. Perdue, elle ne put que se jeter à son côté, lâchant de nouveau son arme.
-Flint? Sieur Flint? fit-elle, en secouant le corps du membre du Corvus. Elle même tremblait.
De son côté, Jack Dyra retira douloureusement la lame de Flint, laissant une plaie noircie, fumante, et relativement profonde. Cependant, elle ne semblait pas l'empêcher de se déplacer librement. Jetant l'arme au sol avec dédain, il se tourna en direction de Cretorius, s'avançant vers lui.
-Et bien, et bien... Voilà ou tout ceci t'auras mené. L'autre vampire recula d'un pas, effrayé. Tu es coincé, à présent.
Finalement, et alors que Jack tirait ses griffes en arrivant à sa portée, le vieux vampire bondit vers lui, une expression de rage sur son visage ridé.
Cependant, sans la moindre difficulté, Jack l'arrêta en allongeant 5 de ses griffes, transperçant le vieillard en plein vol. Puis, il le saisit à la gorge… Et d’un coup sec des lames qui trônaient au bout de ses doigts, il lui sectionna les deux jambes, lui retirant un cri de douleur.
-A vrai dire, je ne comprends pas. dit Jack. De ce qu'on m'a dit, cela fait des siècles que tu es un suivant de Draugar, je me trompe?
-T... Tu ne sais rien... Tue moi ! Vas-y ! Le gamin est mort ! Et sans moi, toute cette nuit aura été infructueuse !
-C'est là que tu te trompes, fit une voix faible, mais familière.
Sortant des ténèbres où il avait été dispersé, le coursier reparut. Prostré et ayant des difficultés évidentes à marcher, son torse était nu et son corps était encore ensanglanté, la peau lui manquant par endroits. L'un de ses bras entier était toujours détaché de son corps, et il se tenait les côtes avec l'autre. Cependant, sur chacune de ses plaies, de minces filins noirâtres semblaient s'agiter de manière organique, prenant petit à petit la place des tissus manquants, se figeant, et semblant imiter leur aspect pour les remplacer. Les restes de son corps étaient pourtant toujours éparpillés dans la pièce.
Son visage était déformé par une douleur intense qu'il paraissait supporter difficilement, mais il souriait malgré tout.
-Je suis pas encore habitué à me faire exploser en morceaux... C'est terrifiant.
-C...Comment? ne put retenir Cretorius, incrédule.
-Evidemment. lui répondit Jack. Si le roi était tombé, la dame n'aurait aucune raison de demeurer sur le plateau.
-On a déjà réglé le problème de ta singularité. reprit le garçon entre deux grognements de douleur. La ville brûle, et tous tes « enfants » ont été libérés. On a entamé l'évacuation. Tout ce qui n'est pas entre les murs de ce château va périr, et tu n'y peux plus rien. Il nous reste plus qu'à tirer notre révérence... Et à répondre à une dernière question. Qu'allons-nous faire de toi, à présent? Te perdre serait une défaite en soi, mais je crois que tu ne nous laisse aucun choix. Alors qu'il s'avançait dans la lumière, son corps se reconstituant petit à petit, il avait l'air réellement peiné et en pleine réflexion. Son regard se posa sur le trio encore au milieu de la pièce, et plus particulièrement sur Catia, qui était plongée dans la plus grande des paniques et confusions. Il fit une grimace attristée en observant ce spectacle.