Opération Rapace Pourpre.

La guerrière, voyant que l'inquisiteur préparait un sort, se mit en tête de l'esquiver mais ne fut pas assez rapide. Des flammes jaillirent des paumes d'Ataraxion, et les cheveux blonds de la guerrière prirent feu, tout comme une partie de son visage. Elle lâcha un immense cri aigu, mais ce n'était que le début. La foudre de Grergo fonça vers les deux combattants, les touchant tout les deux avec la même violence. Ils tombèrent tout deux à terre sous le choc, pas totalement conscients mais pas totalement morts non plus.
Dans le même temps, une silhouette s'approchait du hangar, venant de là ou l'invocatrice fut tuée. Un très vieux Scarrath à la peau foncée, très grand mais se tenant courbé, ayant la peau sur les os… Il s'appuyait sur un sceptre orné d'un crâne, et semblait venir tout droite d'une jungle. Il portait un grand masque Almirian qui voilait son visage, ses ongles de mains étaient particulièrement longs et ses cheveux gris et gras totalement désordonnés retombaient jusqu’au bas de son dos. L'Homme s'avançait, doucement, sans se presser. Impossible de voir ce qu'il observait. Il était encore assez loin, mais continuait de marcher.

Une mèche de cheveux glissa pour s'entourer autour du bras de Kazhaar comme un serpent.
-Malheureusement, ou heureusement plutôt, je n'ai aucun moyen de défaire le sceau de Téko. Je ne suis pas mage, et je doute pouvoir faire quoique ce soit de concret en ce qui concerne la magie… Cependant je ne crois pas que je vous aurais aidé à libérer Xephiel… Si vous dites avoir une famille à défendre, ne portez jamais cette Sarth.
Elle porta ensuite son regard sur Félicia.
Ma fille est encore jeune. Les plus endurcis, la Sarth dévore ce qu'ils contiennent, et il n'en ressort qu'une machine incapable d'aimer… Peut-être est ce pour cela que Téko refuse de porter cette lame.
Mais si vous insistez à vouloir ouvrir le sceau, il faudra le lui demander… Je doute qu'il acceptera.
Maintenant que j'y pense… Pourriez vous, puisque vous détenez l'épée, veiller à ce qu'elle ne la porte plus jamais ? Enfin, vous l'auriez fait dans tout les cas…
-Si cela peut vous rassurer, intervint Laurence, je préférerais que cet objet ne voit plus jamais la lumière du jour également.
-Vous ne comptiez donc pas en faire un atout ? Vous êtes plus sages que je ne l'ai cru… Téko pense que vous ne devriez pas diriger ce pays, mais peut-être qu'il vous sous estime. Vous êtes intéressants Laurence… J'ai percé votre secret.
Kazhaar lâcha un petit rire alors que le visage de Laurence se marqua de surprise. Il n'allait pas demander comment, cela serait suspect et permettrait peut-être à Félicia ou Ishtar d'apprendre ce qu'il cachait.
-Je ne le dirais à personne voyons, ajouta t-elle avec un sourire complice, posant son doigt sur ses lèvres.
Désolée de vous avoir retenus alors que le temps vous presse. Celui que vous devrez certainement affronter garde une des portes sur votre chemin. Cela risque de ne pas être aisé… Je vous souhaite bonne chance.

Ataraxion, dans un état proche de l'évanouissement, tenta cependant de se relever pour aller achever la guerrière avec l'un des couteaux qui pendaient encore a sa taille... S'il en avait la force et la volonté.

-Ces conditions me paraissent assez honorables, répondit Geldo. Ainsi mon bouclier et mon épée seront mes seules armes lors de ce duel...
Le chevalier se décala alors sur le côté, présentant la voie de sa main libre.
-Je vous recommande de vous hâter, le comte n'est guère patient et l'heure est bientôt venue.
Laurence s'avança sans hésiter sans attendre qu'Ishtar ne commence à le suivre. Il jeta un regard à Geldo, et le sien était invisible peu importe combien il fixait son heaume... Le chevalier restant silencieux, Laurence ouvrit la porte qui débouchait sur un couloir pourvu de plusieurs séries de courts escaliers.
-Fryma, je ne sais pas combien de temps votre combat durera ni si vous en ressortirez vainqueur, sachez donc que j'ai bien l'intention de remporter cet affrontement.
Il se retourna ensuite avec un léger sourire.
Mais évitez de mourir, ce serait une perte.
Laurence s'enfonça ensuite dans le couloir accompagné d'Ishtar, alors que la porte se refermait derrière eux. Le couloir était toujours éclairé par des runes sur le sol, et derrière ces lumières se trouvait son objectif.
-Restez derrière moi, fit il en continuant de progresser. Nous sommes quasiment certains que le comte se trouve quelque part au bout de ce chemin, et nous devrons sans doute l'affronter. Gardez en tête que s'il utilise trop son invocation, sa mana s'épuisera, et que le pheonix est bien trop puissants pour nous quand bien même je suis apte à le blesser. Si il l'utilise, nous devrons rester sur la défensive... Je compte sur vous, sans les rayons du soleil je suis aussi vulnérable aux blessures que n'importe quel homme.

Derrière la porte qui leur faisait dos, Geldo, se remettant face à Fryma s'approchait de quelques pas, main non encore armée.
-Avant que nous ne croisions le fer, il est certainement plus convenable que je me présente d'une manière plus exacte. Mon ancienne identité est Auguste Reizhan, qui est le nom que j'ai obtenu à ma naissance dans la maison du même nom. Mais je suis plus connu en tant que Auguste Di Arzteingard, du temps où j'étais encore un chevalier saint.
Sa main recouverte de métal vint toucher le manche de son épée, sans la tirer.
Vous et moi nous sommes semblables. Nous avons il y a longtemps tué pour ce que nous pensons juste, quitte à utiliser les plus inhumaines des méthodes... En tant que ancien cavalier noir des Reizhan, j'ai également servit l'Empire il y a de cela deux siècles. Nous sommes tout deux des guerriers réputés pour leurs exploits, puissants mages, recouverts d'armures que peu ont la force de porter. Et plus important: nous sommes nés dans un autre temps, même si je ne vous ait jamais rencontrés.
C'est pour cela que je désire vous affronter. Même si celui que vous avez devant vous n'est plus que l'ombre de ce qu'il était, j'attendais avec impatience ce duel au sommet.
Et il tira l'épée batarde de son bouclier, révélant l'éclat argenté parfait d'une lame qui semblait n'avoir jamais servie.

-Je ne compte pas mourir ni vous tuer. Un homme tel que vous est à mes yeux des plus importants en ce bas monde, et a encore beaucoup de chose à voir et à faire. Et cela m'attristerait de perdre un rival de choix.Fit Fryma, tirant son épée d'une main et le pointant avec, une pose classique sommes toutes.
-Mais ma seule défaite fut fasse au temps, qui eut raison de mon corps. Alors croyez moi Sire Geldo, que je suis malgré tout un adversaire assez coriace... J'étais représentant d'une lumière aussi aveuglante que terriblement cruelle, j'étais aussi un fervent serviteur de L'Empire. Désormais, je me dois de vivre pour savoir de quoi va être fait l'avenir. Le mien, le leur, et celui du monde. Ma curiosité m'a toujours poussé plus loin que les limites de la raison.
Il se mit finalement en garde, et se prépara mentalement au combat, faisant le vide, agrippant l'épée de sa deuxième main. Son seul objectif était la victoire.

Lame Véloce avait achevé la guerrière à sa place… Soit. Ataraxion peinait à rassembler ses esprits et ne sembla pas remarquer le vieillard qui s’approchait, essayant de se reprendre. Il fit l’inventaire de son état et de son équipement… Sa tête le lançait, sa vision était brouillée et toujours gênée par le soleil, et son genou l’empêchait de se déplacer correctement. En boitant, il entreprit de ramasser tout son équipement qu’il avait laissé à terre, cela incluant son épée, ses dagues, et son livre de sorts. A nouveau équipé, il vérifia que son parchemin de purification était toujours en place avant de se diriger vers Grergo pour l’aider comme il le pouvait à se sortir du trou, malgré le coup qu’il venait recevoir de sa part… En fait, il n’était même pas certain d’où provenait l’attaque et n’était pas en condition de se poser des questions. Il n’était absolument pas en état de se lancer à l’assaut du manoir sans soutien, ni même de se battre sérieusement, en vérité. Mais la priorité restait de retrouver les autres groupes, dont ils n’avaient actuellement aucune nouvelle. Leur objectif de base restait de prendre à revers les potentiels ennemis présents dans le manoir. Une fois Grergo relevé, il se dirigea donc vers le hangar avec Lame Véloce et y pénétra. Il y faisait déjà moins lumineux qu’à l’extérieur, ce qui soulagea quelques peu ses yeux, fortement éprouvés par l’éclat solaire malgré son large couvre-chef inquisitorial.

A l'intérieur du bâtiment, un homme était monté sur le pont du navire. Un homme de taille moyenne qui portait un bandana lui couvrant le hut dde la tête, ainsi que deux épées dans son dos. Il était vêtu à la manière des bourgeois Waien si l'on exceptait les pièces de cuir qui couvraient ci et là sa tenue. L'homme passa une main gantée de cuir sur son menton, c'était un homme blond dans la quarantaine, et une cicatrice lui traversait le nez. Il regardait la scène avec un air triste mais restait étrangement calme.
-Ils sont tous morts, n'est ce pas? Dit il, n'attendant pas vraiment de réponse.
L'homme soupira et fit un signe de main que l'on pouvait assimiler à une prière. Puis il fixa Lame Véloce et Ataraxion, avec un regard dénué de colère ou de haine mais plutôt empli de lassitude.
-Mon nom est Eric Woodseeker, et je suis le capitaine de ce bateau.
L'Homme sortit alors une montre de sa veste et la regarda un instant.
-L'Ancien est déjà là?...
... Je suppose donc que je dois vous affronter, n'est ce pas?
Il rangea sa montre et se gratta l'arrière la nuque un moment, agacé.
Pendant ce temps, le vieil homme commençait à arriver au niveau de Grergo. Il ne tourna pas une seule fois le visage vers lui pourtant, l'ignorant.

Du côté d'Alghaer, Wah, tirant sur sa hache de toute sa force, parvint à arracher le plastron de Mathilde du reste de son armure, laissant ses points vitaux à découvert. Mathilde tenta de contre attaquer d'un coup d'estoc directement après cela, mais Wah se décala sur le côté pour l'éviter.
L'assassine elle, chargea vers un Alghaer pas encore relevé, lui assénant un coup d'épée qui le blessa au bras gauche, mais elle rata ses point vitaux car il put se décaler à temps.

Dans le sous sol, un chevalier se mettait en position de combat, tenant sa lame et son bouclier tout deux prêts.
-Je vois… Vous êtes bel et bien digne de m'affronter, comme je l'attendais. Dans ce cas… En garde !
Bouclier en avant, Geldo chargea. Ses pas lourds montraient que ses protections ne lui permettaient pas d'avoir une grande agilité, mais il pouvait malgré tout courir aussi bien qu'un homme normal même avec ce poids sur ses épaules… Le chevalier allait tenter de décaler la lourde lame à l'aide de son bouclier, pour viser d'un estoc le point faible de l'armure de Fryma : sa tête.

Dans le couloir plus loin, Laurence, accompagné d'Ishtar et tenant toujours Félicia, avançait pour atteindre enfin une porte dans ce long tunnel de pierre qui lui semblait ne jamais finir, pas moins à cause de son impatience que de sa longueur. L'Empereur jeta un dernier regard à Félicia, et cette dernière le fixa avec défiance.
-Je ne peux me permettre de te garder en affrontant le comte, et je ne sais pas si t'utiliser comme otage sera une stratégie fonctionnelle…
Laurence observa les environs. Aux murs se trouvaient des porte torche… Risqué, et il gâcherait quelques précieux fils dont il aurait besoin pour le combat, mais il ne fallait pas la laisser partir ou défendre son père. Laurence tira un peu sur le porte torche pour s'assurer qu'il ne lâcherait pas, puis sortit un autre fil en Imperium de sa tenue et lia pieds et poings de Félicia avant de l'attacher ainsi au mur.
-Pourquoi tiens tu à me garder en vie ? Siffla Félicia tandis que Laurence achevait de nouer le solide nœud autour du porte torche.
-Je n'ai pas le temps ni l'envie de te l'expliquer… Cependant si tu reste docile, je te garantis que tu pourras revoir un jour ta jumelle. Et nous y trouverons un intérêt commun.
Le visage de Félicia se mua dans une expression de surprise, et elle aurait voulu poser maintes question, cependant Laurence s'approchait de la porte, prêt à ouvrir.
-Derrière se trouvent peut-être nos ennemis. Vous êtes prête Ishtar ?

Contre toute attente, le vieil homme fit preuve d'une redoutable vivacité, se baissant en un éclair pour éviter le couteau… Celui ci se planta dans le haut de son grand masque de bois. Le vieux scarrath se redressa alors et délogea l'objet métallique de sa main droite.
-Entailler le masque d'un chaman est un bien grand sacrilège, bourgeon, mais je ne crois pas que tu en ai conscience, dit il de sa voix rauque et puissante.
Il jeta le couteau loin d'eux et l'objet glissa simplement sur le sol.
-Cependant attaquer un ancêtre est un outrage commun à toute les cultures des hommes, cela mériterait donc une punition appropriée. Toutefois, je n'ai guère l'envie de te châtier, quand bien même trois âme ont péries de ta main cette journée.
L'Heure du départ est proche et je dois me hâter ! Laisse moi passer et j'ignorerais ton impolitesse, ta barbarie, et ta sottise.
Et l'homme continua d'avancer.


Geldo reçut bel et bien la contre attaque de Fryma, qui le déséquilibra l'espace de quelque instant. Mais le chevalier reprit rapidement pied, prêt à exécuter une autre attaque. Leurs épées ne pouvaient venir à bout de leurs armures et mettre l'adversaire à terre était le meilleur moyen de le vaincre dans la présente situation, la magie étant mise de côté. Dans ce but, Geldo chargea à nouveau mais tenta une approche plus défensive pour rendre une éventuelle contre attaque plus difficile : il se contenta de placer le bouclier en avant afin de bousculer Fryma.

 Laurence poussa la poignée de la porte, ayant entendu la confirmation d'Ishtar, et avança le premier dans la suite de ce sous sol. Ils se retrouvèrent dans une très grande salle au plafond bien plus haut que le reste des salles qu'ils avaient parcourues. Grandes torches et brasiers disposés près des murs de la salle rendaient le tout également bien plus éclairé. La salle semblait ancienne, mais aussi plus entretenue, et la première moitié de cette dernière était séparée de l'autre par un grand escalier qui faisait toute la largeur de la salle. Malgré les couleurs ternies des tapisseries qui le décoraient, le lieu ressemblait à s'y méprendre à une salle du trône telle que l'on pouvait trouver chez certains seigneurs.  En haut de l'escalier se trouvait justement un trône de pierre en partie brisé, et à côté de ce dernier, le comte se tenait. Debout, une de ses mains gantée sur le trône, il avait le regard dans le vide avant d'ouir la porte s'ouvrir. Téko Dyra était vêtu comme Laurence l'avait toujours vu, d'une veste bleue et or à l'intérieur rouge.  Le comte le fixa de son regard glacial dès son entrée, restant silencieux et calme.
-Déjà ici ? Fit une voix. Un autre homme descendait les escaliers… Il était brun et vêtu comme à son habitude comme un dandy, cette fois tout de rouge. En contraste avec la chaleur de son vêtement, il portait dans sa main une rose de glace. Laurence reconnu immédiatement Saero Adamas : les deux personnages étaient trop particuliers pour ne pas les identifier d'un seul coup d'oeil.
-Sa majesté et ma chère Ishtar, fit il, tournant la rose entre ses doigts. C'est une surprise de vous voir côte à côte. Agréable bien entendu ! Vous m'imposez cependant un dilemme cruel… Je ne saurais élire le plus bel être entre vous deux.
Il tourna la tête vers le comte.
-Et toi Téko, quel est ton avis sur la question ?
Le comte se contenta de clore un instant les yeux, comme dans un soupir, sans bouger ou faire un véritable commentaire sur le comportement de son ami. Saero rit légèrement alors.
-Allons, dis au moins quelque chose. L'ambiance est pesante.
-Jamais je n'aurais accepté cet entretien si elle et Geldo ne me l'avaient pas demandé… Je laisse l'Empereur commencer.
-Un entretien ? Fit Laurence en s'avançant, léger sourire en coin. Cela paraît farfelu, je penserais que vous tenteriez de me tuer sans rien ajouter.
-Ce n'est pas le cas, dit le comte toujours sur son même ton froid. Vous avez sûrement des questions, posez les et nous verrons.

Alghaer savait pertinemment qu'il n'était pas en position de supériorité et qu'il s'apprêtait à crever, mais il pouvait encore tenter de faire subir le même sort à celle qui lui assurerait son passage vers la mort. Il tenta donc de récupérer le seul couteau à sa disposition, celui dans son dos. Il y arriva finalement, tandis qu'il attrapa la cheville de la meurtrière de son autre main pour la vers basculer en avant et se casser la gueule. Ne lâchant pas prise, il tenta de couper les quelques tendons à portée de main pour laisser un cadeau d'adieu à cette femme inconnue. Pour sa part, son dos lui faisait assez mal pour l'empêcher de se relever et ses deux blessures ne tarderaient certainement pas à l'achever. Mais au moins, il aurait zigouillé une garce. Esquissant un grand sourire, il lui adressa quelques mots.
-Désolé, ma grande. Tu part avec moi.
Il était presque fier de l'emmener dans la mort au moment où elle était sûre de pouvoir se débarrasser de ses adversaires sans encombres.

Ataraxion réfléchissait à toute vitesse... Il jaugea de son propre état et de la situation du groupe. Tout d'abord ils ignoraient ou en étaient les autres membres de la compagnie, s'ils étaient en difficulté ou non, et s'ils étaient susceptibles de recevoir de l'aide -La réponse la plus probable étant que tous les autres étaient occupés ailleurs- . Dans la situation actuelle, ils étaient trois contre deux, mais Ataraxion était dans un état lamentable, proche de la mort, et ne pouvait pas se battre dans cet état : Boitant presque, tout ce sur quoi il pouvait compter était sa magie de feu et son parchemin purificateur. De plus, ce vieux Scarrath semblait plus agile qu'il n'y paraissait au premier abord, et extrêmement confiant en sa capacité de se débarasser des trois ennemis sans difficulté à lui seul. Il n'était pas directement agressif, alors il n'était pas nécessaire de l'agresser, et au contraire, le laisser avancer pouvait être une opportunité d'en apprendre plus sur les évenements... Mais il restait la possibilité que le vieillard tente tout simplement de les piéger et de les convaincre de le laisser s'approcher pour déclencher une puissante attaque...
Après réflexion, Ataraxion jugea que la meilleure chose à faire était de s'écarter pour le moment, ce qu'il fit, faisant signe à Lame Veloce de faire de même.
Dans cet état, l'Inquisiteur gardait constamment la main sur son atout, prêt à l'utiliser à tout moment.

Le vieux chaman passa donc pour arriver jusqu'au pied du navire, à chacun de ses pas les os qu'il portait sur lui en colliers et les bracelets d'or qui entouraient ses bras s'entrechoquaient et résonnaient. L'homme alors leva la tête vers Erik Woodseeker.
-Je dois me préparer au départ, marin, fit il. Mais je n'ai nullement besoin de toi pour voguer... Je n'ai donc pas de requête à te formuler.
-Ce n'est pas vous le patron ici, vous savez? Dit il dans un sourire. Le vieil homme ne répondit pas. Et je suis censé protéger les Bielmer, vous allez partir avec?
-Ils seront la bienvenue pour participer au voyage.
-Oui, oui si vous voulez... Je descend vous...
Erik ne put terminer sa phrase que le chaman, d'un bond incroyable, était déjà arrivé sur le pont du bateau.
-... Depuis quand vous êtes si agile, vous...
-J'apprécie le respect, non la pitié. Retiens bien cela, dit il sèchement en partant vers l'intérieur du navire.
-Où allez vous?
Il ne répondit pas. Le vieil homme caressa le bois du pont un moment, toujours devant l'entrée, tandis qu'Erik regarda le groupe avec un air dépité.
-Bon... Désolé, mais je dois venger mes camarades.
Erik s'élança et sauta du bateau pour arriver sur le sol, ce après quoi il dégaina une à une ses épées... L'Une était bâtarde, l'autre courte.
-J'vais crever moi...'Chier. Marmonna t-il. Bon, amenez vous, ne perdons pas de temps.

 La femme rugit de douleur quand d'un coup, Alghaer sectionna le tendon de son pied gauche. Cependant, même malgré cela la gorge du guerrier était à portée et chacun de ses bras encore pleinement valides. Il n'aurait pas le temps de dire une réplique de plus. Le fil de l'épée passa sur le côté droit du coup d'Alghaer, ouvrant fatalement une de ses artères. Le sang gicla à flot et sa vie ne tarda pas à s'éteindre...

Fryma réussit à nouveau à déstabiliser Geldo, mais toujours pas assez cependant. La ténacité de son adversaire faisait qu'il s'obstinait à reprendre pied, toutefois il ne put cette fois enchaîner sur une autre offensive... Plus méfiant et ne sentant la situation à son avantage, Geldo se repositionna, bouclier dressé, attendant une ouverture ou une prochaine attaque.

Confiant, Laurence s'avança encore plus pour arriver presque au pied de l'escalier, défiant le comte du regard, qui le fixait toujours avec cette même impitoyable froideur.
-Vous vous obstinez à vous opposer à moi, commença Laurence. Je n'arrive pas à en comprendre la raison… Jamais nous n'avons eu l'occasion de véritablement parler et j'ai l'impression que vous m'avez dès le départ catégorisé comme ennemi. Cela est surprenant de votre part… Pourriez vous m'expliquer le sens de tout cela ? De ce combat insensé que nous menons.
Téko clos à nouveau les yeux et il y eu un silence pesant, semblant terriblement long alors que des secondes le mesuraient.
-Laurence… L'Empire Haynailia est plus fragile qu'il en a l'air. En avez vous pris conscience ?
-… Cela ne répond pas à ma question.
-Cela répond à la mienne. Mais puisque tu désire connaître le sens de mes actions, alors soit…
Notre pays est en proie au fanatisme et à l'arrogance. Pendant des années nous avons pleuré les hommes et les femmes tués lors des complots et conflits fratricides entre familles de nobles pour obtenir le trône, ces même conflits que vous avez accusés et jugés. J'admets que cela était un bon début, mais ce n'est guère assez… Voyez vous, la noblesse ne représente qu'une poignée des êtres humains de l'Empire. Elle est adorée, prise en pitié, dispose des plus grandes richesses, prend les décisions, alors qu'une poignée de cette même minorité est véritablement compétente. De nombreux nobles ne servent à rien d'autre que parader. Nous sommes tous conscient de cette inégalité qui s'est installée comme la norme, et je ne vais pas vous faire un discours démocrate je suppose que vous vous êtes déjà renseigné sur le sujet… Seulement, je vous accuse d'ignorer le bien être du peuple, ou de penser le connaître.

Je ne nie pas que je vous ai pensé ennemi dès votre ascension au trône. L'Empire était sans Empereur et je comptais depuis longtemps faire usage de ce chaos au profit du pouvoir et des droits du peuple et au détriment de la puissance des nobles, votre arrivée brisa ce projet. Avec un nouveau couronné, élu d'un mythe, soutenu par le pouvoir religieux, toute mon entreprise se voyait mise en difficulté. C'est pourquoi, voyant vos premières actions et ayant jaugé votre intelligence, je consentis à faire autrement un temps, attendant vos actes pour voir si vous saurez pousser ce pays en avant. J'ai été déçu.
Vous avez déclaré la guerre à Waien, une guerre à mes yeux futile, mais même en admettant sa nécessité, vous avez fait une terrible erreur. Cela a achevé de me convaincre que vous étiez dangereux pour ce pays…
Téko s'arrêta de parler alors, s'asseyant sur le trône de pierre à côté de lui en joignant ses mains, détachant son regard de Laurence pour sembler se plonger dans ses pensées. Cela causa un autre silence.
-Vous ne continuez pas ? Fit Laurence, moins assuré et plus agacé.
-Le fait que je doive vous expliquer votre erreur ne joue pas en votre faveur, dit il, mains toujours jointes sans regarder l'Empereur. Cette déclaration de guerre était déjà une erreur en soi, que ce soit pour le commerce impérial, par peur, ou bien pour consolider la politique intérieur du pays. Cependant, la guerre fait partie de la vie, et il en est ainsi. Ainsi il est normal que des conflits éclatent, sûrement nécessaire même… Mais dès que les guerres deviennent trop longues et les hommes trop bornés, elles épuisent les richesses et augmentent le nombre de morts, ce pour les deux camps…
-Je comprends cela Téko, venez en au fait.
-Pas assez il me semble. Vous avez placé le Haut Général Marc Aneran à la tête de vos armées. Cela paraissait une évidence pour le conseil impérial depuis longtemps en prévision d'une nouvelle guerre, c'est un des plus grands généraux de la précédente guerre et il débordait d'envie de guerroyer contre Waien. J'imagine bien qu'il a insisté pour obtenir le commandement… Que vous ayez refusé au départ ou non m'importe peu, vous n'auriez jamais du céder aux demandes du conseil. Un bon général pense à son pays avant de massacrer son ennemi, il sait quand reculer, il sait quand s'arrêter, il sait quand stopper un siège, il sait contrôler ses hommes… Il sait ne pas mettre sa nation en danger. Marc Aneran ne désire qu'une chose : massacrer des Waien. Il ne reculera jamais. Voilà pourquoi le nommer à la tête des armées était une stupidité… Soit vous êtes assez idiot pour avoir pris cette décision, soit vous êtes assez faible pour avoir cédé à la pression du conseil. Dans ces deux cas, vous n'avez rien à faire sur le trône impérial.
-C'est pour cela que vous mettez en danger la vie d'innocents ? Une simple nomination qui vous déplaît ? Je vous croyais moins capricieux, monsieur le comte.
-Un homme suffit largement à troubler un état… Vous l'avez vous même troublé par votre présence,  n'est ce pas vrai ? Vous ne réalisez pas l'instabilité du monde entre vos mains. Haynailia est fragile, je vous l'ai dis...