Le Quartiel!

-Pourquoi suis-je à l'envers ? Fit Johannes Fauster avec un léger sourire. Il s'agit d'une malédiction… Un cadeau de la part d'un vieux chaman.
Il haussa alors les épaules avec un sourire désolé.
Parfois entre sorciers nous avons quelques disputes, et voilà ou cela nous mène… Je cherche un moyen de me débarrasser de ce sort qui a inversé ma gravité. C'est à cause de ce sort que je ne peux aller au Colisée, et à cause de ce sort que j'ai dû inverser certains meubles aussi…
Que voulez vous, ce sont des choses qui arrivent… Ce qu'il y a retenir de cela c'est qu'énerver un chaman peut vous apporter des ennuis, et potentiellement à vie…
Il laissa flotter un silence pesant avant de se rasseoir en riant.
-Mais je suis bon vivant rassurez vous ! Et puisque vous êtes passés, avez vous quelque chose à me demander ? Ce que vous désirez, je verrais bien comment cela est il réalisable. C'est mon métier après tout.


-Le Croc Noir ? Souffla avec surprise Athos, son frère ne fut pas indifférent non plus et écarquilla les yeux d'étonnement.
-Dans ce cas cela est vraiment sérieux… Je demanderais à Père si il était au courant.
-Tu fais bien Milo. Je garderais un œil personnellement sur le prêtre.
Désolé Jack mais je ne sais absolument sur le Croc Noir… J'aimerais, pourtant. Soyez sur que je vous informerais.

Un son de cloche retentit. Il venait du haut balcon… Sur ce dernier apparut, entouré d'autres hommes (dont Adolf Herméneute), Paris Aspida. Vêtu des couleurs blanches et or des Aspida pour l'occasion, il avait recouvert sa tenue d'une cuirasse étincelante. C'était un homme de forte carrure bien que vieillissant, aux cheveux blonds comme ceux de ses fils, qu'il arrangeait en coupe au bol. Le Baron s'avança pour bien se révéler au public et étendit les deux bras pour saluer et les spectateurs et les combats, sourire fier aux lèvres. Devant lui se trouvaient des connes métalliques qui étaient une trouvaille pour amplifier la voix lors de tels discours.
Paris en avait à peine besoin.

-Mesdames, messieurs, damoiselles, damoiseaux, c'est avec grande joie et honneur que je vous souhaite la bienvenue à ce Quartiel ! Aujourd'hui comme tout les quatre ans se sont réunis en ce jour trente deux combattants dont certains parmi les plus féroces et les plus déterminés, réunis ici pour vous divertir mais aussi pour gagner la récompense et le glorieux titre de champion du Quartiel ! Je sens votre impatience et leur fougue m'atteindre d'ici, oui ! Car ici, dans cet ancestral Colisée, bouilliront l'ardeur et la passion de la victoire et du combat, sous vos, non, sous NOS cris étourdissants ! Il y aura du sang, de la joie, des larmes, de la bravoure, et peut-être des morts glorieuses ! Des actes qui entreront peut-être dans l'histoire du Quartiel !

Paris Aspida, déjà à l'armée, était réputé pour une grande qualité : une voix puissante. Cette voix avait encouragé déjà des centaines de cavaliers à redoubler de force à la bataille, et l'on disait qu'elle inspirait le courage dans le coeur des hommes. Tel était la force première de Paris « au Glorieux cri de Guerre ». Cette qualité était restée inchangée.

-Et sans plus attendre, chers amis, il est temps de révéler la fameuse, oui, la tant désirée récompense !
Un homme poussa une grande table roulante ou se trouvait, couverte de velours pourpre, la récompense encore invisible.
-Elle luit tant qu'il sera aisé de la contempler même pour vous ! Admirez donc !
D'un geste, Paris Aspida retira le velours. Se révéla alors une Orbe grosse comme deux poings. La lumière du soleil la frappa et elle sembla presque s'illuminer… L'ouvrage était des plus superbe, au point de surprendre un millénaire d'orfèvres. Le cristal pur de l'objet, associé à d'innombrables facettes taillées avec un minimalisme absurdes, en faisait une étoile dans le jour. Etrangement, alors que l'artefact n'avait absolument rien de magique, son apparence elle même attirait la fascination. De nombreux participants fixèrent, ébahit et les yeux écarquillés. Dario Estéfiel, lui tout aussi ébahit, ne décrocha pas son regard de l'objet, laissant échapper un large sourire.
-Te voilà enfin… Fit il à voix haute, sans prêter attention à l'écoute des autres participants, semblant presque en transe.

-Voici !… Fit Paris, grandiloquent. La Gemme Céleste ! Le plus beau diamant jamais façonné par des mains humaines ! Réjouissez vous, mes braves guerriers, car l'un d'entre vous aura la chance de tenir entre ces mains ce joyaux pareil à nul autre ! Je suis si impatient !… Commençons donc les hostilités, voulez vous ?
Il frappa dans ses mains.
-Que les deux premiers combattants se préparent ! Ils auront l'honneur d'introduire le plus grand Quartiel jamais présidé par Paris Aspida !

Orvid, résigné, rentra dans le Colisée. Il devrait ressortir par l'entrée ouest, et malgré son pessimisme il était légèrement revigoré par les paroles de Paris. Jiang Shi fit de même pour aller du côté opposé. Cela allait bientôt commencer… Les combattants n'étaient pas encore sortis sur le terrain mais l'ovation se faisait déjà entendre.

-Athos… Tu as vécu pas mal d'aventures, aurais tu déjà vu pareille chose ?…Dit Milo à son frère, tout étonné.
-Justement… Ce type de manufacture… Je l'ai déjà vu, mais ce n'était si étrange. Moins beau, en vérité. C'était chez les Despiza… Quelque chose ne va pas avec cette pierre. Est-elle magique ? Si je savais détecter les sorts…
Il se tourna vers Thelden par la suite.
-Tu as une idée ? On dirait que c'est juste une gemme, mais pourtant elle a… Comment dire...
-Quelque chose d'hypnotique ? Intervint Lily avec un léger sourire, regardant elle aussi l'artefact.
-Exact. Ce n'est pas surnaturel... Mais presque.

-A vrai dire, Il y a des tas de choses que je pourrais vous demander... Ne serait-ce qu'en rapport avec un certain participant du Quartiel, ajouta-t-elle en fronçant les sourcils. Et bien que, je l'avoue, je suis quelques peu sceptique quant à votre capacité à régler n'importe quel soucis, et que je suis extrêmement curieuse quant à comment vous vous y prendriez... Je vais devoir décliner votre offre... Ce serait tout de même dommage que vous résolviez réellement mes problèmes à ma place.

-Oh ? Fit Fauster, agréablement surprit. Cela est preuve d'une grande sagesse… Tu iras loin ma fille. Après tout n'est on jamais mieux que servi que par soi même ?… Malgré tout, je ne refuserais jamais une demande. Retenez le bien.
 Cependant, si vous n'avez rien à me demander, vous ne devriez pas perdre votre temps avec un tordu à l'envers, hmmm ?



Les ovations faisaient rage. Les deux portes opposées du terrain du Colisée s'ouvraient, et le Baron reprit alors  la parole.
-Ainsi s'ouvre donc le premier affrontement de ce Quartiel ! A l'ouest, nous avons Jiang Shi, un combattant venu de l'est lointain du continent qui nous montreras peut-être des passes et des surprises jamais vues alors ici, et à l'Est, lui fera face Orvid, un vétéran du nord ! J'espère que ces deux inconnus nous montrerons un beau spectacle !

Orvid était entré le premier. Habillé d'une armure relativement légère, mélange de cuir et de pièces d'acier, il avait la main sur le plat de son épée longue qui touchait le sol quand il s'arrêta vers le centre du Colisée. Entra en second, Jiang Shi. Le bérilien était vêtu d'une armure aux motifs détaillés, typiques de la cité de Long. Il portait dans sa main droite, par dessus son épaule, une épée bérilienne que l'on nommait là bas jian, plus longue que la normale de ces lames. Avançant à pas paisibles, Jiang Shi sifflotait un air dont le sentiment oscillait entre le tranquille et le lugubre. Le Baron déclara le début du combat et s'assit dans un fauteuil, observant dorénavant avec attention. Rien ne se passait pourtant. Jiang Shi ne lâchait pas son regard d'Orvid, pas plus qu'il ne cessait de siffler. Il tournait autour de lui avec nonchalance, l'épée non dégainée. Cela faisait fulminer le Nordan. L'air continuait et lui irritait les oreilles.

Il fallait sortir ce bridé de son état de paix. Mais il avait trop l'air en confiance, et même si Orvid était très adroit à la lame il devait se méfier de ce qu'on pourrait prendre pour de la simple arrogance. Il connaissait la provocation, assez pour ne pas tomber dans un piège évident… Orvid attaquerait de manière à se sécuriser le plus possible. Un coup latéral où il garderait son corps le plus loin qu'il pouvait de la lame du bérilien, un simple coup pour le forcer à réellement combattre. Le premier tour ne pouvait commencer de cette manière, ce serait ridicule ! Le Nordan s'avança avec prudence… L'air continuait.
-Tu te crois malin toi…

Aucune réaction. Bon, il fallait passer à l'action. Il était à portée raisonnable pour faire son attaque après un pas, il avait quelques bottes à revendre… Orvid se mit en position, vivace, et porta son coup…
Les sifflements s'arrêtèrent.
En un éclair, on vit l'épée être dégainée et dans le même geste, ouvrir la gorge d'Orvid. Il était difficile de comprendre ce qu'il s'était passé. On pourrait même dire que le coup d'Orvid aurait dû réussir mais pourtant, pourtant l'épée de Jiang Shi frappa la première. Aucun sortilège dans tout cela, et tout s'était déroulé au yeux de tous.
Orvid tomba à terre, son sang giclant sur le sol sous le regard stupéfait du public. Jiang Shi passa un coup de manche sur sa lame à peine ensanglantée, l'embrassa, la rengaina, tourna le dos, partit.
Il reprit son air en rentrant dans le Colisée alors que des applaudissements se firent entendre.

Le Baron se leva, et dit, néanmoins sans joie :
-Jiang Shi, vainqueur !

-Qu'est que cela signifie ? S'écria Athos, choqué. Il l'a tué de sang froid sans lui donner de chance !
-Ce n'est pas contre les règles, petit frère… Dit Milo, sur le ton de la reproche. Ca ne plaît pas à Père mais les règles sont les règles.
-Quel début de Quartiel…
-Tu n'as assisté à aucun Quartiel depuis que tu as passé les dix ans, Athos… Tu viens tout de même de revenir à Vantusius, alors tu n'as rien à dire.
Athos alla se rasseoir en silence, mécontent de l'issue du match. Dorénavant les prochains combattants devaient se préparer, leur combat commencerait dans un quart d'heure.

 Athos resta silencieux jusqu'à l'arrivée de Loic Loric sur le terrain. Ce dernier, vêtu d'une armure de cuir, portait un casque muni de deux pointes évoquant des oreilles félines ce qui souleva quelques rires dans le public, auquel le jeune combattant ne porta aucune attention. Son arme était assez singulière, étant un gantelet muni de deux longues lames faisant office de griffes.
-Pour ce deuxième combat, nous avons deux guerriers semblant plutôt agiles ! S'exclama le Baron. Après la démonstration de force du premier tour, saurons t-ils nous surprendre d'une botte extraordinaire ? Voici Jack et Loic Loric, commencez !

Loic Loric regardai Jack  avec une certaine suspicion, semblant légèrement renifler. Il se mit en garde, poing armé en arrière. Son autre bras était lui aussi couvert de métal, et faisait office lui de protection. Il fit quelques pas chassés.
-J'ai mis des années à développer ma technique ! Désolé, mais tu vas perdre. Mon génie sera enfin reconnu !
Il ne passa pas à l'attaque, fixant toujours l'adversaire.

-C'est quoi ce clown… Râla Bernard Reizhan, qui s'était réveillé et avançait vers la rambarde. Pourquoi ces trucs sont autorisés à venir au Quartiel ?
Jiang Shi était lui, remonté. Il était également contre la rambarde, observant le combat avec attention.

-Dis moi tu t'es enfui de quelle foire mon petit? Ici c'est une arène pas une scène de cirque. Je croyais qu'on était là pour le défi, pas pour taper des enfants.fit calmement Jack, en étudiant son armure et ce qu'il lui donnait à voir. Il se dit finalement qu'il allait s'y mettre sérieusement, et se mit à marcher lentement vers son adversaire, une dague tirée.

//Loic Loric veut se battre!:Cliquez ici!//

Cependant, si vous n'avez rien à me demander, vous ne devriez pas perdre votre temps avec un tordu à l'envers, hmmm ?

Effectivement, il marquait un point. Catia voulait assister aux matchs de la matinée et elle n'avait pas envie de perdre trop de temps. Pour elle, il n'y avait rien de louche au sujet de ce scarrath, ils pouvaient bien reprendre leur route. Elle jeta cependant un regard à ses compagnons.

-Et bien... Vous n'avez pas tort. Peut-être qu'on devrait y aller, Narvi?

Fauster rit un moment de bon coeur. Il l'avait dit, il ne refuserait pas un appel à l'aide.
Quel qu'il soit.

-C'est une idée intéressante... La récompense du tournoi contre un peu d'aide, cela me semble honnête. Malgré tout comprends, fils, que je ne la garderais que si elle attise mon intérêt. C'est avec joie bien sûr que je viendrais en aide à un jeune homme téméraire!
Le seul soucis que nous rencontrons est la présence d'un mage d'Axaques au tournoi... Cela rend toute triche difficile. Ou pas. Je m'arrangerais pour que l'examinateur ne voit rien...
Cependant, je te préviens d'une chose mon garçon: la gratuité n'existe pas réellement en ce monde. Si tu ne rapporte pas ce que tu m'as promis, tu devras me rembourser d'une manière ou d'une autre. Nous verrons bien un arrangement.

Un sourire en coin, Fauster tapota sa tempe du doigt un moment.
-Je sais déjà quel est le sort parfait pour te soutenir. Je te préviens en revanche, il n'y aura pas d'effets lumineux extravagants, ma magie agit efficacement mais sans faire trop de fumées... Je ne suis pas comme ces mages Haynailiens, le visible est bien trop surestimé.
Ta triche sera de même, invisible. Tes adversaires perdront tous, cela est certain, et tout paraîtra normal. De toute façon, tu es un inconnu ici, autrement je te connaîtrais...
Cela veut dire que personne ne pourra s'étonner de tes victoires.

Ainsi voilà ce que je propose: ta victoire contre la récompense. Si cela te conviens, approche et serre moi donc la main. Sinon, rebrousse chemin... Une victoire sans honneur n'est après tout peut-être pas si plaisante.


Loic Loric attaqua cette fois de face. Alors qu'il conservait toujours son bras gauche devant lui, il fit un coup de griffe de bas en haut dirigé vers le dessous du menton de Jack.