Poursuite chez le griffon

Hmpf. Un orphelinat? La bonne blague. Ce que disait Julie ne faisait que conforter Orgone dans son idée de base : Il est bizarre car il a des pouvoirs. Et par extension, tous les mages sont bizarres. Le fait que la cas Claudio confirmait cette hypothèse la confortait sur la probable véracité de celle-ci.
-Oui, j'ai remarqué, répondit Orgone à la première question. Mais c'est plus inquiétant qu'intriguant si vous voulez mon avis. Et pour la raison de ma présence ici... Vous voyez, j'ai une certaine mission à accomplir pour la comtesse pâle, et le soutien de Seth m'est très précieux pour réussir. Je n'ai aucune envie de m'attirer son antipathie, d'autant plus qu'il est le petit frère de ma capitaine : Je lui dois tout de même une certaine considération. En vérité ça ne fait qu'à peine quelques heures qu'on s'est rencontrés. On a joué à un jeu, un peu discuté "travail" avec mes coéquipiers, et il a voulu m'ammener ici pour me rendre plus présentable. Ca faisait partie de mes projets de toute façon, alors je n'ai pas refusé... Mais en un sens, j'ai aussi l'impression d'avoir juste accepté de me soumettre à un caprice de sa part.

-Ah, tu as… Joué avec Seth, dit-elle, semblant un instant frappée d'une étrange inquiétude. Ca… A du lui faire plaisir.
Une fois les cheveux d'Orgone lavés, elle saisit une brosse recouverte d'une sorte de poudre de blanche, et demanda à cette dernière d'ouvrir la bouche pour qu'elle lui brosse les dents.
-Si tu fais ça souvent tu auras moins de problème d'haleine. Hmm… Après ceci je pense que tu seras prête à sortir.
Au passage, je te conseille de… T'habituer aux caprices de Seth.
Julie conservait son sourire, mais, avait un air bien moins assuré. Il était évident qu'elle cachait quelque chose. Quand elle eut finit de brosser les dents d'Orgone, elle l'invita à sortir et à s'asseoir sur un tabouret qui faisait face à un miroir. Là, Julie l'essuya à l'aide d'une serviette, toute sourire encore.
-Tu es déjà plus jolie là, non ? J'ai hâte de te voir coiffée et dans une belle tenue!


Ernja, l'air toujours aussi timide, sorti sa propre carte, et indiqua un point vague dans la jungle, non loin de la ville.
-On était perdu alors je ne saurais vous dire l'exacte position… Mais nous n'étions pas dans la jungle profonde ! C'est effrayant, ca veut dire qu'elle pourrait surgir en ville ! Qui sait ce qui pourrait arriver ? Heureusement que je vous ai trouvé, je n'aurais pas supporté de rester seule ici… Elle m'a déjà vu elle pourrait… Venir me chercher, hiiii...

Plus jolie? Orgone n'avait jamais imaginé être un jour plus jolie... Ou jolie tout court en fait. Elle espérait juste être moins sale, en fait. Etre jolie ne l'intéressait pas vraiment.
-Hmm... Si vous le dites. Et en guise de prévention : Je n'ai aucune intention de porter une robe où quoi que ce soit de cet acabit, hein ! N'essayez pas de me rendre féminine. Je veux juste ne pas me faire remarquer et être à l'aise.

-Oh, euh, vous savez, ce n'est pas moi qui vais décider de comment tu t'habille, je trouve juste que tu as une bonne bouille. Et ne sous estime les avantages d'être jolie !
  Julie laissa Orgone sécher un moment, mais semblait toujours quelque peu angoissée par quelque chose, et d'autant plus quand elle entendu des bruits de pas.
  Il ne fallut que peu de temps pour que la porte s'ouvre, Seth entrant comme si de rien était, une sacoche sous le bras. Le garçon aux yeux blancs ne semblait nullement gêné lui même par la situation.
-M… Maître Seth, enfin, respectez un peu son intimité ! Paniqua Julie en recouvrant Orgone de la serviette. Et vous revenez bien tôt !
-On ne cherche pas longtemps quand l'on sait précisément ce que l'on veut, dit Seth, avant de pointer Orgone du doigts. Et puis, cette fille est ma propriété, je l'ai gagnée au jeu. Alors ce n'est pas si grave.
-Alors tu as bien joué contre lui… Fit Julie dans un rire gêné, avant de hausser les épaules et les deux paumes. Je regrette mais dans ce cas je ne peux rien faire pour toi… Il fallait être plus prudente. Bieeeen, je pense que je vais peut-être prendre, congé, hm ?

Lorsque Seth entra dans la pièce, Orgone cacha son corps par réflexe, avant que Julie ne l'enveloppe de la serviette. Elle n'était ni particulièrement honteuse, ni particulièrement énervée, ni particulièrement choquée... Et elle considérait que ce n'était qu'un incident sans importance en soi. Elle n'avait rien à cacher ni à montrer de toute façon. Malgré tout, ça n'améliorait aucunement son opinion du jeune mage.
Et voilà qu'il reparlait d'appartenance... Il montrait définitivement pouvoir être odieux. Mais Orgone se doutait qu'il cachait quelque chose, et il avait peut être prévu cela depuis le départ. Que comptait-il faire maintenant?
Immédiatement, les réflexes defensifs et la méfiance d'Orgone prirent le dessu.
Son couteau se trouvait sur une commode pres de la porte. Derrière Seth, donc. Et cette même porte était la seule sortie... Elle devrait le faire s'en éloigner avant de pouvoir l'atteindre, mais il ne semblait de toute façon pas bien solide.
Elle fixait le jeune mage avec le regard noir d'un animal acculé, parfaitement immobile... Gardant le silence, elle attendit de voir ce qui se passerait ensuite.

-Hm, vous semblez très mal à l'aise, fit Seth d'un air dépité. Je peux le comprendre pour ta part Orgone, et je sais d'ailleurs que tu vas tenter de t'enfuir. Mais ceci ne m'amuserait pas, alors je t'ordonne de rester assise.
Ah oui, je devrais te l'expliquer, vu que tu ne voudras pas que je t'habille : notre pari a toujours été parfaitement sérieux. Si tu veux savoir, tu peux essayer de te lever.
-Maître Seth… Devrais-je partir ? Fit Julie l'air inquiet.
- Pourquoi? Bah, fais comme tu veux. Je te rappellerais si j'ai besoin de toi.
Julie ne tarda pas donc à récupérer la bassine d'eau ainsi que les tissus qu'elle avait utilisée, tandis que Seth s'éloignait de l'entrée pour visiblement se diriger vers Orgone.

Pendant ce temps, Ernja, qui avait l'air de plus en plus soucieuse avait mené l'équipe vers l'extérieur nord de la ville. Là se trouvaient des bâtiments sommaires en dehors des murailles de bois érigées, où les colons avec l'intention de partir à l'exploration de la jungle dont le début était à vue se préparaient. La rousse aux yeux bridés, les deux mains jointes, se retourna vers le reste du groupe.
-On s'était avancé par là… Hm… Je n'ai pas vraiment envie de retourner là bas… Je… Je ne sers pas d'appât, hein ?

// il est actuellement 16 heure pour les deux groupes . https://i.servimg.com/u/f11/16/45/72/67/nc_cur11.jpg //

-Crois moi, tu ne me toucheras pas, ou alors au prix de ton intégrité phy-

Orgone, qui était debout prête à agir, s'assit. Indépendamment de sa volonté, sans qu'elle ne le veuille.
-Que?...
Immédiatement, elle tenta de se lever et de s'enfuir.

Cependant, Orgone en fut incapable, d'une façon aussi incompréhensible que celle qui l'avait faite s'asseoir. Quand bien même elle le voulait, ses jambes ne bougeaient pas. Julie, quand à elle, se faisait de plus en plus discrète. Orgone ne pouvant quitter ce tabouret, Seth était maintenant proche, mais hors de portée de bras, ses yeux passant du gris au noir.
-C'était une menace ? Fit Seth d'un air moqueur. Je n'aime pas la violence. Tu ne m'attaqueras pas, quoique tu veuille.
  Et cet ordre assuré, il posa sa main sur la tête d'Orgone, un sourire aux lèvres.
-Reste donc bien calme, que je t'explique, dit il en lui caressant les cheveux du haut du crâne. Mes pouvoirs peuvent rendre mes paris bel et bien réels, et je n'ai qu'une parole. A présent, tu es incapable de désobéir à mes ordres et en cela, tu m'appartiens pour le restant de tes jours. C'est aussi simple que ça, ne prends pas un pari à la légère.
  Le jeune garçon se pencha alors, baissant sa tête au niveau de celle d'Orgone, et sa main eut une prise bien plus ferme surcette dernière. Seth n'avait pas beaucoup de force, mais il la tirait un peu en avant pour démontrer son autorité, avant de lui adresser un sourire malicieux.
-Je crois bien que je t'ai touché et que je te touche encore. Pourtant, je ne suis pas blessé.

QUE... QUOI? COMMENT ?
Orgone bouillonait tant de rage que de peur à l'intérieur d'elle... Même si elle soupçonnait quelque chose, elle se rendait compte bien trop tard qu'elle avait été piégée depuis le début par ce salopard de mage. Si Orgone haïssait la nature, en certains cas, il en allait de même pour les hommes. Elle était sous l'emprise de quelque sort ou charme... Mais elle était convaincue qu'elle pourrait en sortir. Il y avait forcément un moyen. Mais pour le moment elle était coincée...
-RELACHE MOI ENFOIRE ! NE ME TOUCHE PAS ! SINON JE... DES QUE JE SERAIS LIBRE, JE TE LE FERAI PAYER TRES CHER !
JE HAIS LES CONNARDS DANS TON GENRE ! JE TE HAIS ! AAAAAAAAAAAAAAAAAH !!!
Elle gigotait dans tous les sens, mais peu importe quels mouvements elle faisait, elle était incapable de se lever ou de frapper Seth. Elle hurlait de toutes ses forces, comme si à défaut de pouvoir le toucher, elle voulait déchirer les tympans du mage qui lui faisait face.

Seth lâcha Orgone, il ne put que rire en la voyant s'agiter ainsi, non pas d'un air moqueur mais plutôt sincèrement amusé par la situation.
-J'attendais ta réaction, dit Seth en s'essuyant les yeux après avoir tant rit. Mais tu n'y peux rien, désolé. Par contre, tu n'as pas à me comparer aux malfrats de tes souvenirs. En plus j'ai été très gentil avec toi jusqu'alors. De toute façon, tu ne peux pas me désobéir alors…
   Disant ceci, Seth appuya du doigt à plusieurs reprises sur la joue d'Orgone, un grand sourire provocateur aux lèvres. Elle ne pouvait pas lui faire de mal, peu importe combien elle le voulait.
-Ce serait super facile de te violer, je n'ai même pas à te brutaliser pour ça. Mais je n'ai pas envie de le faire de toute façon, même si en tant propriété tu n'aurais pas vraiment à te plaindre.
Bref. Je voulais t'habiller : j'ai amené des robes ! Tu es maigre mais tu n'es pas plus grande alors j'en ai même chipé une à ma sœur, mais ne lui dis pas que je lui ai volé ça. Elle peut-être agaçante, parfois ! Surtout qu'elle n'en met pas au travail.
  Orgone, je t'ordonne de ne plus bouger sans mon ordre! Déclara t-il, ouvrant son sac qui contenait trois parures et d'autres pièces d'habits. Tu as encore le droit de parler, parce que c'est franchement drôle. Je vais t'habiller, maintenant, parce que je ne peux pas t'ordonner de faire quelque chose que tu ne sais pas faire. Moi je sais comment mettre ce genre d'habits… Bon, alors, il faut commencer par les sous vêtement, tu te sentiras mieux après.

  Il ne semblait pas vraiment prendre la situation au sérieux, même quand il tenait sans gêne des sous vêtement féminins entre ses mains. Il y avait à ses pieds une culotte bouffante, et il avait déjà saisit des collants.
-Je ne vais pas dire que je fais ça pour ton bien, rit il. Mais ça ne te fera pas de mal. Par contre si tu t'amuse à abîmer ça juste pour m'agacer, tu passeras un sale quart d'heure, alors ne le fait pas. Bon, lève la jambe.
  Et elle n'eut pas d'autre choix. Naturellement, Julie n'était plus à voir nulle part et malgré le bruit provoqué par Orgone, personne ne semblait venir voir ce qu'il se passait. C'est presque en chantonnant que Seth plaça les collants sur les jambes d'Orgone à qui il fait maintenant face , paraissant ignorer le caractère étrange de la situation.

Orgone s'était tut. Mais sa rage n'en restait pas moins visible sur son visage. En vérité, elle concentrait tous ses efforts dans sa volonté, s'évertuant à tenter de frapper le visage narquois de Seth, lui ficher son pied dans le nez... Mais elle ne put que lever la jambe comme il l'avait ordonné, et cela la mettait dans une colère encore plus noir. Elle se sentait prête à exploser de l'intérieur.
A son grand dam, il venait de lui interdire de s'en prendre aux vêtements, chose qu'elle aurait fait avec délice... Mais elle trouverait quelque chose. Il ne s'en sortira pas à si bon compte.

Une fois les collants mis, Seth enfila ensuite la culotte bouffante à Orgone, un acte de plus peu respectueux de son intimité. Mais le bas de son corps était dorénavant vêtu, de blanc et de dentelle qui plus est.
-C'est trop mignon ! s'extasia Seth, les yeux brillants, semblant fier de son œuvre. Bon, ensuite il y a le corset…
  Seth retira d'un geste la serviette qui recouvrait Orgone avant de lui ordonner de découvrir sa poitrine afin qu'il puisse placer le corset, qu'il mit ensuite autour du corps de cette dernière.
Tu n'en as jamais porté alors je ne vais pas trop le serrer, pas assez pour que ce soit inconfortable, dit en commençant à nouer les liens qui faisaient tenir l'habit. Je sais ce que je fais. Ceci t'aidera à un peu mieux te porter, gagner en prestance. C'est très amusant d'habiller une fille, franchement.
  D'ailleurs, causons un peu, tu veux ? Je vois très bien que tu me déteste pour ce que je fais, mais je me pose quelques questions. Il n'y a rien de mal à être jolie, ma sœur l'est après tout. Pourquoi donc as tu dis que tu ne voulais pas porter de robe ? Problème avec ta féminité ? Peur des hommes ? De paraître faible? Je veux tout savoir. Oh bien sur, ce que tu dis ne changera rien au fait que je vais continuer ce que je fais… Hm, après, je pense qu'on peignera tes cheveux. Je vais te trouver une bonne coiffure.


Ernja, qui n'avait pas l'air bien plus sûre d'elle, s'avança vers la jungle. Il était fortement déconseillé de s'aventurer dans cette zone non préparé et tout le monde le savait: même à l'entrée des bois, ils étaient terriblement menaçants.
-Mais... Comment comptez vous donc la retrouver? Fit-elle en se retournant, décidément peu rassurée à l'idée d'entrer dans la jungle. Vous avez un pouvoir du genre? La jungle est énorme et... Je ne saurais pas retrouver l'endroit exact...

Pour toute réponse, Seth obtint ce même regard noir avec lequel elle le fixait depuis tout à l'heure. Elle ne lui ferait pas le plaisir de lui répondre, et ne ferait aucun effort de coopération si elle en avait le choix. Après quelques secondes de silence, elle finit par lacher :
-Te déplaire est une raison suffisante pour ne pas vouloir l'être.

-Ce n'est pas la véritable raison, rit Seh en jouant avec une des mèches de cheveux d'Orgone. Mais cela pourra attendre. Sais-tu pourquoi je fais cela ? Comme je te l'ai dit, ça n'a pas d'intérêt de rabaisser quelqu'un qui est plus bas que terre. Pareillement, cela serait également moins intéressant d'habiller une femme déjà coquette ou naturellement jolie…  Toi, je peux te transformer, et j'ai hâte de voir quel air tu auras. On pourra à peine te reconnaître.
  Avec un air amical, mais qui avait peu de chance de paraître comme tel, il posa ses deux mains sur les épaules d'Orgone et, derrière elle, posa son menton sur sa tête dans un air jovial, le regard tourné vers le miroir. Ses yeux s'étaient à nouveau éclaircis pour devenir gris.
-Entre autre, tu es comme ma poupée, chanta t-il, avant de lever un peigne pour brosser les cheveux d'Orgone. Vu que tu ne t'occupais pas de tes cheveux, je vais devoir les démêler. Julie a bien fait d'en couper un peu. Je t'autorise à continuer de bouder, le temps que je finisse.
   Seth s'efforça donc de coiffer Orgone, semblant étrangement bien s'y prendre. A cause de l'état de ses cheveux, cela lui demanda un certain temps, mais quand il eut terminé, il était terriblement fier de son résultats, sentant qu'il avait dompté la chevelure brune chaotique de cette dernière. Ses cheveux courts avaient à présent une allure lisse et brillante, formant une mèche sur le côté gauche de son visage. Ceci donnait à Orgone un air plus élégant, et surtout bien plus correct.
-Parfait ! S'exclama Seth. Maintenant, il ne reste plus que l'essentiel… Lève toi.
   Orgone fit, et Seth lui commanda les mouvements nécessaire à l'aider à lui faire enfiler l'habit. C'était une longue robe verte émeraude aux longues manches, et si elle était d'une forme assez simple, la qualité du tissu étincelant était visible. Une fois que Seth eut achevé de la resserrer, il retourna à nouveau Orgone vers le miroir, où elle pouvait constater qu'en effet elle ne ressemblait plus à celle qu'elle était il y a une heure.
-Quand j'en aurais fini, tu pourras te mouvoir comme tu le désire. Hm, je trouve qu'elle te va bien, mais dis moi donc ce que tu pense de ta nouvelle allure ! Et cette fois, je t'ordonne de répondre franchement.

Orgone observa son reflet. Le miroir lui montrait une jeune femme noble, élégante, et même belle... La seule chose qui clochait, c'était la grimace de fureur qui déformait son visage.
Orgone ne voulait pas répondre à Seth, mais elle ne put pas s'en empêcher. Les mots sortirent sans qu'elle le veuille, du fond de son coeur, et elle répondit sèchement.
-Ce n'est pas moi.
Ce qu'elle voyait en face d'elle, Orgone le détestait. Elle détestait la misère dans laquelle elle avait vécu toute sa vie, elle détestait les déchets humains qu'elle côtoyait quotidiennement et qui peuplaient son univers... Mais elle haïssait plus encore ces gens qui vivaient une existence paisible et opulente sans l'avoir mérité. Et c'est ce qu'elle voyait dans ce miroir. Orgone ne méritait pas cela, et elle n'en voulait pas. Tout ce qu'elle recherchait, c'était de la dignité.

"Un pouvoir du genre", avant ces mot Madhur non plus n'avait pas la moindre idée de comment continuer, cependant ces mot lui rappelèrent le jeune mage qui avait lu dans son passé, avec ses pouvoir mystérieux, il pourrait peut être les aider... Dans tout les cas, il était préférable de récupérer Orgone pour la suite, après tout, ce travail était aussi le sien, ils allaient être payé le même salaire.
-Ma chère, si vous le souhaitez, vous pouvez déjà rentrer, commença-t-il. Ça serait dommage d’abîmer un si joli minois. De plus, vous m'avez donné une idée mais qui vous nécessiterait en ville, nous avons croisé un mage aux pouvoirs étranges, il pourrait sans doute nous aider. Je ne l'aime pas, mais sa magie est utile. Vous en dites quoi les gars?

-Décidément, tu n'es heureuse de rien, plaisanta Seth en tapotant sur la tête d'Orgone. Je comprend où tu veux en venir, mais l'évidence est que tu es bien plus jolie comme ça tout en ayant la même âme et le même corps. Je ne vais pas aller jusqu'à te mettre du maquillage, on fera peut-être ça une prochaine fois, mais je suis très content du résultat !
  On a encore du temps devant nous avant de partir à l'Espadon, alors je te propose de continuer de parler… Tiens, pourquoi pas me poser des questions ? Je t'ai interrogée, et je le ferais à l'avenir, mais l'inverse n'est pas vrai. Donc, je t'ordonne de m'interroger sur ce qui démange ton esprit ! Oh et tu ne peux pas quitter cette pièce, ni abîmer quoique ce soit ici, ou te faire du mal, et surtout pas ruiner ta coiffure. Par contre tu peux de nouveau bouger sans mon ordre et même te lever de cette chaise! Je ne dis pas de paroles en l'air.


-Bon… Je ne veux pas paraître lâche, mais je ne me battrais pas, d'accord ?… Fit Ernja, l'air résigné, en progressant dans la jungle.

  Nul n'était sans savoir que le lieu était dangereux, pourtant il était dominé par un certain calme qui n'était perturbé que par le bourdonnement grave d'insectes de la taille d'avant bras qui voletaient d'arbre en arbre. Difficile de distinguer ceux dangereux des autres, mais la présence de dards à l'abdomen devrait dans ce cas être dissuasive.
  Claudio distinguait plusieurs vies humaines aux alentours, mais aucune âme ne semblait perturbée. Vers leur ouest se trouvait un groupe de trois personne, et vers leur nord, une seule, qui s'éloignait de la forêt tandis que les autres s'y enfoncaient.
   Ernja les menait plutôt vers le sud ouest, et il firent trois quart d'heure de marche ardue dans la forêt où les racines, lianes et branches ralentissaient toute progression.
-Uuuh… On a marché vers cette direction, mais il n'y a aucun moyen de distinguer un coin d'un autre, comme je vous l'ai dit. On a pas laissé d'impact violent sur un arbre, de flaque de sang, ou quelque chose comme ça… Surtout que j'ai pris mes jambes à mon cou après l'attaque. Vous avez un moyen de repérer ses traces ?
L'âme solitaire était bien éloignée à présent, mais les trois autres devaient être à un petit quart d'heure de marche. Ils n'avaient pas parcouru une distance impressionnante, mais l'avancée ici était assez difficile.

Conservant le même comportement que jusqu'à présent, Orgone resta assise et répondit :
-Alors dis moi... Pourquoi, alors que ta soeur est une femme si extraordinaire, toi tu es si pitoyable?

-C'est pas très gentil de ta part de dire ça, dit Seth. Mais si tu me demande pourquoi je suis différent de ma sœur, c'est parce que nous n'avons pas eu le même vécu. Je crois qu'il me manque l'éducation des nobles.
 Cependant, ajouta t-il, ses yeux devenant noirs. Je t'ai gagnée, tu a parié, et tu as perdu. Certes, je ne t'ai jamais dis que j'étais sérieux, mais jamais que je ne plaisantais non plus. Tu aurais également du savoir que tes chances de victoires étaient faibles… Si tu considère que je t'ai piégée, songe que c'est en partie grâce à ta naïveté. Bien sur, je ne te demande pas de te résigner, mais dire que je suis le méchant de l'histoire est un peu erroné. J'ai d'ailleurs toujours l'intention de t'aider, alors je me demande…  qui est réellement pitoyable ici ? Pose une autre question, moins ennuyante.

-Il faut croire que nous sommes deux, alors. répondit Orgone. Tu n'as d'adulte que le corps... Plus j'y pense, et plus je me dégoute en nous trouvant des points communs. Tu veux une question amusante? Alors dis-moi, qu'as-tu de plus cher au monde?

-Ce que j'ai de plus précieux ?… Fit le garçon, l'air songeur. D'habitude c'est moi qui demande cela, intéressant, surtout venant de ta part! Mais je crois connaître facilement la réponse.
Alors, avec un air fier sur les lèvres, Seth posa sa paume sur son torse.
-La chose qui m'est la plus précieuse, c'est mon corps. Je ne suis ni fort, ni grand, et je ne supporte que peu la lumière du soleil. Pour ne rien arranger, je m'épuise vite. Mais, quand je suis né, c'est la seule chose que mes parents m'avaient laissé, et le seul lien que j'avais avec eux. Je suis heureux d'être né tel que je suis, et je n'y changerais quelque chose pour rien au monde, même si ce physique m'a causé bien des ennuis ! Et puis, malgré tout, je suis plutôt joli. Qu'en pense tu ?

En entendant cela, Orgone eut un sourire narquois. Tout cela l'arrangeait bien.
-Pas spécialement, non. lui répondit-elle sèchement. Et si je devais trouver un adjectif pour te qualifier, ce serait "fou".
Orgone se leva et se mit à marcher dans la pièce. Elle brulait d'envie de faire telllement de choses, mais peu importe quelle volonté elle y mettait, elle en restait incapable. Et cela la frustrait. Cependant, elle commençait à se calmer et à juger de la situation avec la tête froide. Elle réfléchissait.
-Qu'est-ce que tu veux?