[RP Libre] Le château d'Eclipse

Une fois tout en place, et sous les ordres et instructions de Fryma, Rasco et les 4 mages qui l'accompagnaient entamèrent le rituel. Entre eux 5, la lame nommé Frys et le corps immobile du réceptacle. Le drap qui le recouvrait retiré révéla une femme au physique haynailien. Son corps maigre, son visage creusé et ses vêtements en lambeaux lui donnaient l'ai misérable, mais en y regardant de plus près, on pouvait percevoir en elle les vestiges d'une noblesse aujourd'hui disparue. Sa poitrine se soulevait et s'abaissait au rythme lent de sa respiration.
Personne dans la petite assemblée ne semblait avoir se préoccuper du sort de cette femme, alors même que les quatre mages n'avaient aucune idée de ce qu'ils s'apprêtaient à lui faire. Tout ce qui les intéressait était la prime à la clé. Rasco était en vérité le plus à même à ressentir de l'empathie pour la victime, mais le moment était trop important à ses yeux pour qu'il daigne lui accorder la moindre pensée.
Fryma donna ses dernières recommandations et le rituel commença, chacun accomplissant sa part... Au fil de son déroulement, une énergie étrange commença à recouvrir et envelopper le corps et la lame, jusqu'à les recouvrir complètement... On ne la voyait pas, mais elle était aisément perceptible, même pour un non-initié. Un frisson parcourut l'échine de l'un des mages alors que, finalement, la sensation de pression qui les avait tous pris de court se dissipait. Le rituel était terminé. Il n'avait rien eu de spectaculaire, mais chacun savait qu'il venait de transgresser une règle fondamentale de la magie en manipulant l'âme d'autrui... Pour la plupart, ils n'étaient plus à ça près.
Dans le cercle, la respiration du corps avait stoppé. Tous attendirent, silencieux, que quelque chose se produise... Et après deux longues minutes, les yeux de la femme s'ouvrirent. Elle prit une longue respiration, presque inaudible. Malgré qu'il s'agisse du même corps, quelque chose avait très clairement changé... Il n'y avait rien de misérable en cette femme. Son regard bleu profond, évoquant celui de son descendant, mais infiniment plus altier. Malgré le fait qu'elle soit en guenilles et couchée au sol, elle semblait regarder de haut chaque personne de la petite assemblée.
Après quelques secondes d'immobilité, Rasco se jeta à genou au chevet de la femme.

-Meortis Hivéléus ? demanda-t-il, tremblant.

-Qui es-tu? Répondit-elle d'une voix froide et faible.

-Rasco... Hivéléus.

Elle n'eut aucune réaction.

-Je vois... Et en quelle année sommes-nous ?

-1862

-... Je vois...

Autour, les quatre mages étaient perplexes. Malgré l'énergie qui venait d'être dégagée, pour eux, c'était simplement comme si la femme inconsciente qu'ils avaient transporté s'était réveillée... Il était pourtant aisé pour Fryma, dont les sens étaient bien plus aiguisés, de ressentir la singularité de la personne couchée devant lui, malgré que sa présence soit inhibée par 900 années de mort.

-Merci, dit Meortis à son descendant, ce qui le laissa muet et ému.

Alors que tous faisaient silence, elle baissa les yeux sur son corps et leva difficilement le bras. Elle bougea quelques peu ses doigts et tenta à nouveau de se lever, sans y parvenir.

-Laissez-moi vous aider, se précipita de proposer Rasco.

Meortis sembla soudain etre prise dans un étrange dilemme intérieur. Elle réfléchit un instant avant d'accepter l'offre.

-Un peu d'aide ne serait pas de refus.

Et il l'appuya sur son épaule pour la lever. Elle inspira un grand coup, semblant comme soulagée de ne plus être contre terre. C'est alors qu'elle leva un sourcil, semblant finalement remarquer Fryma. L'homme était pourtant incroyablement imposant, mais ça n'était pas à cela qu'elle jugeait autrui et ses sens étaient en un piteux état.

-Vous... lui dit-elle. Vous n'êtes pas n'importe qui, n'est-ce pas?

Meortis, toujours appuyée contre son descendant, sembla interloquée.

-L'Inquisition ? fit-elle. Qu'est-ce ?

Meortis resta inexpressive devant les explications de Fryma... Alors sa famille avait autant proliféré? Dire qu'elle ne voulait originellement pas donner naissance... Et à présent ils étaient tous décimés?... Soit. En dehors de celà, il semblait que les choses avaient bien changé à Eclipse, en un presque millénaire... Ce Fryma avait évoqué Haynailia? Une nouvelle nation? Qu'était-il advenu de Guliano? Et d'Aporia? De Balrog? Depuis quand la nécromancie était-elle prohibée? Meortis allait devoir se mettre à jour sur de nombreux sujets.... Mais elle aurait tout le temps de le faire. Relevant son regard vers le grand inquisiteur, elle se remit à parler de sa voix faible.

-Je me rends compte de la quantité de choses qui ont dû arriver en un millénaire... J'aurais beaucoup à rattraper. Mais pourquoi m'avoir ramenée ?

C'était ce qu'elle avait souhaité en s'offrant aux expérimentations de l'Archimage, mais elle n'avait jamais réellement cru revenir un jour.

-...

Fut la seule réponse que Fryma obtint de Meortis. Elle le fixa d'un regard soutenu. Ou voulait-il en venir?

Janvier 1869. Taverne du château clipsien.

Une foule d'ivrognes est rassemblée, toute tournée vers l'intérieur, parlant bruyamment, visiblement paniqués. Adaishir, passant par là, pesta :
- Encore un qu'a trop bu ? Arrêtez de paniquer, on a l'habitude hein. Roh, laissez moi faire, bande de pervers séniles.
Il s'approcha et joua des coudes pour venir au centre. Ce qu'il y découvrit le terrifia.
- Oh bordel.
Le tavernier, gisait sur le sol gigotant dans tous les sens, en proie à une sorte de crise d'épilepsie.
- Mais que ce passe-t-il ?!

- P'tit con, répondit un garde, j'ai le malheur de te déclarer... On est en pénurie de bière. La première fois depuis la fondation de l'ordre... Quels temps sombres pour les chevaliers. Hey p'tit con qu'est-ce que tu... Gné.
Adaishir avait rejoint la crise d'épilepsie du tavernier.

- Compagnons ! Je dois quérir votre aide ! s'écriait Adaishir à qui voulait l'entendre, courant un peu partout dans le castel ! Une noble quête nous attend ! Suivez-moi, il nous faut nous hâter, ou la fin de guilde arrivera bientôt !

 "La fin de la guilde" ? Quelle belle blague. Les gens d'ici se scandalisaient vraiment de choses aussi triviales que de l'alcool de mauvaise qualité ? Mala se dit qu'elle aurait put inonder la cours de vin… Enfin, si il lui restait quoique ce soit.
  Après avoir ri du comportement d'Adaishir, cependant, elle réalisa que ceci était une bonne excuse, enfin, opportunité, pour sortir de son inactivité forcée. La chevalier chargée d'elle, Sophitia, l'avait congédiée à cause de son manque de prudence. Mais, avec une tâche si ridicule, elle ne se mettrait pas en danger. Ainsi la scarrath supposa que ceci n'était nullement malfaire.
  Décroisant ses jambes et sautant du tonneau ou elle s'était assise, Mala fut la première à répondre aux jérémiades de l'écuyer. La scarrath d'une quinzaine d'année, malgré une tunique on ne peut plus locale et on ne peut plus banale, portait fièrement des bracelets d'ors ainsi qu'un torque gravé et orné d'un joyau bleu, ceci car ils étaient bien la seule chose qui restaient de sa richesse. La jeune fille, qui refusait d'attacher ses cheveux comme son enseignante le lui recommandait, les gardait longs et bien peignés, tenant à ressembler à une dame malgré le manque de moyens financiers.

-Très bien, petit, dit-elle hautainement bien qu'étant plus jeune que le concerné. Ta quête manque son élément indispensable : le leader charismatique. Je vais t'aider… Non, tu me serviras dans cette quête!


  Il était important de noter que cette fille avait été emmenée par Sophitia récemment et acceptée comme écuyère la semaine dernière, passant les tests plus grâce à une chance injuste qu'autre chose…
Son expérience était à priori nulle.

- Un leader charismatique ? pouffa Adaishir. Des compagnons sont toujours bienvenus ! Il est temps, Ozi, Mala, de sauver cette glorieuse guilde ! Notre première direction est le bureau de Gem, il nous faut lui quérir des finances !

- Parfait, je toque, tu parles ! fit Adaishir en approchant de la porte du bureau de Gem. Avant même qu'elle n'aie eut son mot à dire, le jeune écuyer avait frappé et ouvert la porte, la poussant dedans en tête de groupe.

Gem leva le nez de la paperasse et fit :
- Je dois gérer le bordel qu'a fait l'autre crétin au Quartiel ! Vous feriez d'avoir une bonne raison de faire ainsi irruption !

-Maître chevalier, s'exprima Mala avec fierté, une main sur la poitrine. Nous avons une requête de la plus haute importance. Il y a une pénurie d'alcool à la guilde. Ceci troublera la motivation des hommes, et réduira ainsi l'efficacité du travail fait. Ce pourquoi il est essentiel que nous nous voyons attribué la somme nécessaire pour régler ce problème!

   Pour elle, ce problème était insignifiant, mais elle avait une petite idée de comment argumenter pour obtenir des ressources budgetaires supplémentaires. Elle était bien une scarrath.